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L'attentat à la guitare piégée.

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Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le 9 août 2001, vers 14h ? Moi, oui. Je m'en souviens très bien. C'était un jeudi. Ce jour-là, je venais d'arriver dans le collège de Canala, et le principal m'avait tendu le contrat à signer en me disant ''Je vous compte à partir d'aujourd'hui 9 août, et non pas lundi si vous acceptez de commencer de suite !''  Dame, 4 jours de plus, payés à rien faire... Enfin si, il y avait trois heures à faire avant le week-end... J'ai signé, évidemment, et je suis partie direction la salle de musique... C'était un contrat de maître-auxiliaire, à Canala, sur la côte Est de la Nouvelle-Calédonie. Un remplacement. Le prof de musique était en congé pour dépression. Pas à cause des élèves, à cause de l'annulation des résultats du CAPES de musique, qu'il venait de réussir après l'avoir raté plusieurs années de suite. Des candidats mal convoqués à Saint-Pierre avaient porté plainte au Conseil d'Etat,...

La tragique rouerie du Hamas.

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Le titre de cet article de Renaud Veeckman, que je publie ici, était à l'origine "Le génie tragique du Hamas". Mais décidément associer dans un titre génie et Hamas, ça me chiffonne : cette proximité des deux termes n'a t-elle pas quelque chose d'obscène? Étymologiquement, génie vient du grec "genos" et il se retrouve dans génitoire, génétique, généalogie, génération, bref tout ce qui a trait à la transmission de la vie. Quant au génie du point de vue de l'oeuvre ou de l'artiste, il signifie originairement fécondité, avec l'idée de créations hors-normes, et comme douées de vie propre. On voit ici le caractère scabreux du rapprochement entre le nom de l'organisation terroriste, associé désormais à la tuerie sans nom du 7 octobre, et un substantif se rapportant à la vie et à la fécondité. A part son titre, je n'ai pas changé une virgule de ce texte, qui analyse avec perspicacité les ressorts de la machination dont nous sommes prisonnie...

Finkie/Lurçat : "le débat choc"

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  Je viens d'écouter, ce lundi soir, le débat entre Alain Finkielkraut et Pierre Lurçat : Antoine Mercier, qui est journaliste, a lancé, au lendemain du 7 octobre, une chaîne Youtube, Mosaïque. Elle traite d'Israël et des Juifs, elle est dédiée à "la quête du sens de l'actualité" : il invite régulièrement des gens qu'il interviewe sur un sujet précis dans un format relativement court, environ 30 minutes, rarement plus. Cette fois-ci, l'entretien a duré une heure. Normal, il y avait, exceptionnellement, deux invités : Finkielkraut, qui en 40 ans, est devenu un monstre médiatique, quasi-omniprésent sur les médias français, et Lurçat, qui est écrivain et traducteur, directeur de la Bibliothèque Sioniste et aussi blogueur. Et qui vit à Jérusalem. Son blog s'appelle Vu de Jérusalem . Finkie s'est offusqué d'entendre Pierre affirmer lors d'une interview chez Darmon (d'Israël Magazine) en mai dernier qu'il n'y avait pas d'innocent ...

Fatigués, mais vivants.

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Ouf, enfin une vraie nuit de sommeil, et une journée entière sans alertes... J'y croyais plus ! Le cessez-le-feu a du bon, finalement. C'était pas gagné, parce qu'hier mardi, des missiles tirés par l'Iran ont été interceptés au dessus du Shomron et dans le nord d'Israël bien après l'heure du  cessez-le-feu, et cette violation a entraîné une déclaration d'Israël Katz, notre ministre de la Défense, assurant qu'Israël répliquerait fermement. Je vous avoue qu'au début je me suis réjouie que ça n'ait n'a pas tenu, que les arabes aient rompu l'accord, comme c'était à prévoir. Je ne croyais pas en cette illusion de paix à mi-chemin, de toute façon. Et donc l'annonce de ce cessez-le-feu ne m'a donc pas remplie de rage et de frustration, lisible dans les commentaires de ceux, nombreux, qui s'étonnaient, dans les groupes Whatsapp, ''tout ça pour ça !!!'' et ''mais pourquoi arrêter, les mollahs sont toujours l...

Lettre écrite d'un abri anti-bombes, à Jérusalem

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Lettre d’Eliyahou ben Yossef, dans un abri à Jérusalem, entre la menace et la promesse, à son cousin David ben Salomon, à Paris en réponse à sa lettre : Une lettre de David Ben Salomon à son cousin Mon très cher David, Je t’écris entre deux silences : celui qui précède la sirène, et celui qui suit l’explosion. C’est un moment propice pour la réflexion, et donc pour te répondre. Ta dernière lettre m’a procuré une vive émotion. Tu as ce talent rare de décrire la soumission avec grâce, l’inquiétude avec poésie, et l’exil avec un tel sens du détail que j’en venais presque à envier ta vie de clandestin reconnu. J’ai retrouvé dans ta lettre  ta finesse, ton style, ton art de faire du retrait une forme de raffinement. Il faut te reconnaître cela, mon cousin : tu as élevé l’autodéfense à un niveau esthétique. Tu me parles de ton quotidien : les gestes étudiés, les kippas pliées, les étoiles rangées, les noms corrigés pour mieux se fondre. J’ai souri à l’idée que même la mezouza de Mamie Hé...

Une lettre de David Ben Salomon à son cousin Eliyahou de Jérusalem.

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Mon cher Eliyahou, Tu t’étonnes que je ne sois pas encore venu m’installer chez toi, au cœur de cette terre d’Israël que tu appelles, avec ton enthousiasme coutumier, « le retour à la source ». Je dois t’avouer une chose : j’ai longtemps hésité, mais je voudrais te dire qu’en Israël, vous manquez de manières ! En France, c’est très différent… Chez toi, les gens sont bruyants, directs, parfois même un peu rudes. On crie au marché, on klaxonne, on tutoie son voisin dès la première roquette. Ici, nous sommes polis. Même quand on vous insulte dans la rue, on le fait avec distinction. On vous dit : « Excusez-moi, Monsieur, ce n’est pas vous personnellement que l’on attaque, c’est votre peuple… c’est Israël. » C’est cela, Eliyahou, la civilisation. Chez nous, on ne dit pas qu’on est antisémite. Non, on est antisioniste, c’est plus élégant. Cela permet de hurler « Mort aux Juifs » en prétendant défendre la paix. C’est subtil, tu comprends ? Nous sommes dans le pays de la nuance, et de la bien...

Où va la Calédonie ? Valls réunit aujourd'hui les principaux partis en conclave à l'Hôtel Sheraton.

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Aujourd'hui, lundi 5 mai de l'An de Grâces 2025, on commémore le 27ème anniversaire de l'Accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998.  Dix ans auparavant, jour pour jour, à Ouvéa, l'assaut avait été lancé contre des preneurs d'otages Kanak du mouvement indépendantiste FLNKS, retranchés dans une grotte. Pour libérer les gendarmes pris en otages après l'attaque de leur gendarmerie le 22 avril 1988, (1) Paris avait décidé d'employer la force, de mener une opération ; l'armée avait été envoyée, des troupes d'élite et le GIGN... Les otages avaient été délivrés une douzaine de jours plus tard, donc, le 5 mai 1988. Un véritable massacre, au cours duquel 19 parmi les preneurs d'otages Kanak avaient été tués, ainsi que quatre gendarmes et deux parachutistes, et qui continue de hanter les Calédoniens, qu'ils soient Kanak ou Caldoches. Depuis les années 70, une sorte de guerre civile larvée entre Kanak indépendantistes et Caldoches loyalistes (voulant rester ...