C'est Bambi qu'on assassine !

Bébé Bibas, enfants Bibas... 

Roux, pourchassés, enlevés à leur mère, et finalement assassinés : Kfir et Ariel Bibas sont deux petits Bambis. On les enterre tout à l'heure, ce mercredi 26 février.

C'est vrai qu'ils ressemblent à Bambi ! Cette rousseur... Et aussi, le sort tragique de sa mère : Bambi est un petit faon contraint d'apprendre à vivre seul dans une forêt hostile, chez les animaux ; les petits frères Bibas, chez des animaux à forme (vaguement) humaine, à Gaza.

Shiri, la mère des deux petits enfants Bibas, on l'apprenait la semaine dernière, a été elle aussi assassinée. Dire qu'ils seront enterrés ce matin, tous les trois ! On a fait croire à Yarden, qui était otage et qui a été libéré, qu'il allait retrouver son épouse bien-aimée et ses enfants chéris, les terroristes palestiniens l'ont même forcé à dire quelques mots au micro sur la joie qu'il éprouvait à l'idée de bientôt les retrouver. Hélas, pauvre homme, c'était un horrible mensonge.

Sadisme ? Crainte qu'il se laisse mourir en captivité si on lui apprenait la vérité, en lui révélant que ses deux fils étaient morts, ainsi que sa femme ?

Bambi avait choisi Falina pour compagne, qui avait donné naissance à deux petits faons. 

Lui avait choisi Shiri.

Il se retrouve seul aujourd'hui. Shiri son épouse bien-aimée sera enterrée tout à l'heure avec ses deux petits. C'est un véritable crève-coeur.

Les petits Bibas, l'un, quatre ans, l'autre neuf mois, si mignons, si roux, devenus un symbole pour le monde entier, font décidément penser à Bambi, un nom qui vient de l'italien bambino, qui veut dire enfant, et aussi bébé.

Il y a la couleur, il y a aussi les lettres : Bibas, Bambi... Presque les mêmes. Et puis, il y a l'histoire.

Tout le monde connait le Bambi de Walt Disney : qui n'a pas en mémoire les premiers pas maladroits du jeune faon sur la glace, avançant prudemment et finissant par s'étaler, et que Pan-Pan, son copain lapin, parvient laborieusement à remettre sur ses pattes en bataillant, patte par patte ? Mais ça, ce n'est pas l'histoire, c'est le dessin-animé, lui-même inspiré d'une histoire, qui n'était pas du tout écrite pour les enfants. Elle a même une suite, intitulée Les enfants de Bambi.

Une histoire écrite par un écrivain autrichien d'origine hongroise, arrivé tout bébé à Vienne, sa famille ayant choisi l'exil pour avoir la citoyenneté, accordée, en Autriche, aux Juifs.

Siegmund Saltzmann, connu sous le nom de Félix Salten, un de ses noms de plume, devient écrivain, et même, un écrivain prolifique : il publie ses premiers poèmes à l'âge de vingt ans, puis des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des essais, des livrets d'opéra. Il est aussi journaliste et critique littéraire, notamment au Die Welt de Théodore Herzl, en plus d'être écrivain, mais c'est son Bambi, une vie dans les bois qui l'a fait connaitre. D'abord paru en feuilleton, il parait sous la forme d'un roman, publié à Berlin, en 1923. 

Traduit en anglais en 1928, le livre a connu alors un succès foudroyant, et en est à plus de deux cents rééditions. (1)

Salten aurait cédé les droits à un cinéaste américain en 1933, lequel les aurait revendus à Disney (on sait pas pour combien) qui en a fait un dessin-animé, sorti en 1942. En plein dans la Shoah !

Dix ans après la sortie du livre de Salter, Hitler avait pris le pouvoir, Bambi avait été interdit par les nazis en 1936, et même brûlé avec d'autres livres juifs, accusés de répandre une ''mauvaise influence''. En 1938, Hitler réalisait l' "Anschluss" : il avait envahi et annexé l'Autriche. Salten est parti pour la Suisse.

Les nazis ont brûlé Bambi 

Dans des autodafés dignes de l'Inquisition, les nazis firent brûler Bambi, avec les livres des communistes et des auteurs de romans érotiques ou parodiques.

Pourquoi ? Propagande juive, avaient affirmé les nazis en décrétant l'interdiction de Bambi. L'ont-ils brûlé parce que son auteur était juif ?

Pas seulement. En réalité, contrairement aux premiers lecteurs allemands, puis au public américain, qui n'avaient vu dans ce roman qu'un récit attachant dépeignant des animaux dans la forêt, ils avaient décelé un autre des niveaux de l'oeuvre, sous le premier : en réalité l'histoire de Bambi est une allégorie du Juif en proie aux persécutions, dans l'Europe de l'après-guerre, les chasseurs, dans la forêt, sont des chasseurs de Juifs, et son auteur, dont le grand père était rabbin orthodoxe avait peut-être appris de lui les quatre niveaux d'interprétation (2) des textes de la Tradition juive.

Donc les nazis ont brûlé Bambi. Mais on peut se dire que tant qu'on ne brûle que des livres... Hélas, cent ans après la naissance de Bambi, ce sont des enfants et des bébés qui ont été jetés au feu.

Les terroristes musulmans ont brûlé Bambi vivant.

Ils en ont fait un barbecue géant, ironisent délicieusement les "influenceurs" partisans de la cause palestinienne. L'atroce cuisson d'un bébé mis au four leur permettant d'aiguiser leur verve sur les réseaux sociaux, glosant à l'envi sur le genre de sauce qui accompagnait ce plat de choix.

Le 7 octobre 2023, le jour de Simhat Torah, des enfants juifs ont été ligotés et brûlés vivants.

Quant aux frères Bibas, si jeunes, si roux, si beaux, si innocents, comme le sont tous les petits enfants, nous avons cru longtemps les revoir un jour vivants. Mais la terrible vérité a été sue il y a quelques jours : ils ont été mis à mort par les terroristes qui les avaient enlevés au bout d'un mois. Le rapport des médecins légistes dit qu'ils ont été étranglés, "tués à mains nues", tous les deux. Dieu fasse que leur mère n'ait pas dû assister à ça.

Les écrivains sont quelques fois prophètes. Les écrivains juifs, souvent.(4)

Il faut considérer Bambi comme une prophétie : ce roman, ce prétendu conte pour enfants, Siegmund Salzmann l'a conçu comme un roman à clefs. Il se lit à plusieurs niveaux, comme la Bible. Une nouvelle traduction vient d'être autorisée (5)

Les animaux de la forêt, en proie à un sentiment d'insécurité permanent, étaient en quête d'un endroit pour vivre en paix. D'un refuge, comme l'étaient les Juifs en proie aux persécutions. La mère de Bambi meurt dans un pogrom. L'écrivain sentait le danger venir, douze ans avant la Shoah. Il a écrit ce livre parce qu'il pressentait le sort terrible qui allait être celui des Juifs d'Europe, et, sioniste convaincu, il avait aussi écrit sur Herzl et même sur les implantations juives de Palestine, visitées en 1924.

Siegmund Saltzmann est mort en exil, en Suisse, en 1945. Trois ans plus tard renaissait Israël.

Hélas... Combien de temps va t-il encore falloir pour que nous puissions habiter ce pays sans être obligés d'y enterrer nos enfants assassinés dans les attentats ? De l'arroser de nos larmes, et du sang de nos soldats ?


              Catherine Stora 


Notes :

(1) Bambi : A life in the woods trad. David Wyllie (e.book)

(2) Le sens simple (pchat, de l'hébreu pachout) le sens allusif, c'est à dire, allégorique (remez) le drach (avec une nuance de message moral, comme dans le midrach, ancêtre des Fables de La Fontaine) et le sod, le secret. (sens ésotérique)

(3) Bambi : un conte juif, par Samuel Blumenfeld (Akadem)

(4) Par exemple, le roman, La Ville sans Juifs, de Hugo Bettauer, publié en 1922, un an avant Bambi, est un roman d'anticipation qui décrit la montée de l'antisémitisme à Vienne et qui conduit à l'expulsion des Juifs. Le chancelier s'adresse aux parlementaires en disant :
"Je suis un grand admirateur des Juifs, j'ai moi-même eu (...) nombre d'amis juifs. Néammoins, ou plutôt pour cette raison même j'ai acquis au fil des ans la conviction de plus en plus forte que nous les non Juifs ne pouvons vivre plus longtemps aux côtés des Juifs (...)  qu'il nous faut soit renoncer à nous mêmes, à nos façons de chrétiens, à notre essence, soit renoncer à eux.'' (La Ville sans Juifs, p.18-19)
Un roman incroyablement prémonitoire lui aussi. Cent ans après, il faudrait écrire Le Pays sans Juifs... Le monde sans Juifs ...?
Hugo Bettauer a été assassiné dans un attentat par les nazis en 1925.


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