Un an après le carnage de la Vallée du Jourdain

Comme tout le monde, j'imagine, j'ai longtemps cherché à comprendre comment cette impensable catastrophe a pu arriver. On a entendu dire à la radio que le carnage d'il y a six mois aurait pu être évité si seulement nous avions pris la menace au sérieux. Que c'est la faute au gouvernement. A Bibi. Aux gauchistes. Aux Accords d'Oslo. Aux tenants de la fameuse conceptia : s'ils n'avaient pas, les uns et les autres, entretenu cette illusion dangereuse qu'il était possible de garder le Hamas à nos portes et en Judée-Samarie sans en pâtir, nous n'en serions pas là, aujourd'hui.

On a entendu que l'organisation terroriste a été financée par l'Iran et le Qatar, ce dernier servant de médiateur avec l'Egypte pour la récupération des otages, d'ailleurs c'est curieux ce rôle de médiateur dévolu au Qatar alors qu'il finance le Hamas depuis si longtemps, non ?

Les otages... les pauvres il doit plus y avoir grand monde d'encore vivant, et l'on en vient même à se dire que si les terroristes refusent systématiquement tout deal, le dernier en date, proposé par les américains, ayant été refusé hier soir, c'est qu'il n'ont plus personne à rendre en échange d'un cessez le feu...

On a entendu tellement de choses, depuis six mois... Que les observatrices auraient averti du danger, du plan qui se préparait, elles auraient vu, de leurs yeux vu, des choses très inquiétantes sur les écrans de contrôle qu'elles étaient chargées de surveiller sans relâche, sans avoir le droit de tourner la tête une seconde. Qu'elles avaient fait leur travail et prévenu leurs supérieurs, mais auraient été menacées de licenciement si elles persistaient dans ''ces bêtises...'' 

Que l'Etat-major aurait laissé faire, ayant reçu des ordres. Ne pas intervenir, laisser le Hamas entrer, faire tout ce qu'il veut, il nous faut un casus belli... La guerre contre le Hamas était programmée depuis longtemps mais Israël attendait l'occasion, l'accrochage, qui lui permettrait de réagir. De se défendre, sans passer pour l'agresseur. 

Hélas ! niveau accrochage, ils ont été servis... Ce point, à savoir, que peut-être l'échelon sécuritaire avait reçu des ordres de laisser faire afin d"avoir un prétexte pour attaquer, semble très plausible et devra être examiné, après la guerre. 

Enfin, on a entendu que si cette catastrophe nationale a pu se produire, c'est à cause de cette habituation à l'horreur, avec des attentats quasi-quotidiens en Israël. Ces coups de couteau, ces attentats aux arrêts de bus, à la voiture bélier, ces rafales de mitraillette. La faute à cette croyance idiote que l'on pouvait sans danger vivre avec nos bourreaux, quotidiennement, et s'habituer au tif touf, les crimes au goutte-à-goutte, les attentats quotidiens, ou quasiment. A ces tueries répétées, comme un génocide à bas bruit.

On a entendu aussi que les accidents de la route, en Israël, font plus de morts, chaque année, que le terrorisme. Beaucoup plus. Alors...

Et puis il y a eu cette horreur, cette boucherie inqualifiable. Que certains, en France et ailleurs, s'avisent de nier, de minimiser, il y a ceux qui demandent des preuves, ceux qui parlent de ''résistance légitime aux crimes de l'occupation''.

Oui, on a entendu tellement de choses, depuis six mois !

En revanche, je n'ai pas entendu grand monde parler, en ce 7 avril 2024, de ce qui est arrivé le 7 avril 2023...

Les femmes sont des proies faciles, surtout quand elles sont inconscientes et qu'elles gisent sur le siège de la voiture, blessées, après qu'un combattant du Hamas les ait percutées en les expédiant d'une queue de poisson dans le fossé ; ou bien il leur a d'abord tiré dessus, je ne sais pas, je n'y étais pas, mais je me souviens d'avoir entendu la terrible nouvelle, juste avant l'entrée de Shabbat : il y a un an, le 7 avril 2023, Maya, Rina et Lucy-Léa rentraient chez elles. Hélas, au carrefour Hamra, dans la Vallée du Jourdain, leur route a croisé celle d'un jihadiste, qui faisait du zèle comme tous ses congénères, le vendredi, jour où Allah exige paraît-il son contingent de victimes juives.

Une fois la rafale de Kalashnikov expédiée sur la voiture des trois femmes, et la voiture partie dans le décor, le courageux soldat d'Allah n'avait plus qu'à s'approcher et à les achever en leur tirant chacune une balle dans la tête. C'est ça qu'il a fait. Deux soeurs, Maya, 20 ans, et Rina, 15 ans, ont été tuées sur le coup. Leur voiture portait vingt impacts de balles. Emportée à l'hôpital Hadassa, leur maman est restée dans une condition critique tout le Shabbat. Opérée, mise sous respirateur et placée en coma artificiel, elle a fini par mourir, le dimanche 9 avril. On l'a enterrée à côté de ses filles, le lendemain de leur enterrement, le lundi 10 avril 2023. Il y a un an aujourd'hui.

Je me souviens du discours de Léo Dee, parlant de ses deux filles assassinées sur la route, l'époux de Lucy-Léa, alors entre la vie et la mort. Il est rabbin, il a fait un discours très digne sur le bien et le mal. De la nécessité de choisir le Bien. Je me souviens de sa dignité, de son accent anglais, des larmes dans sa voix. Des milliers de gens venus accompagner Maya et Rina pour leur dernier voyage, au cimetière de Kfar Etzion. Comment aurait-on pu imaginer que six mois plus tard, six mois exactement, l'horreur recommencerait ? La même horreur, la même. Rien de nouveau. Seules les proportions ont changé. La même sauvagerie, le même acharnement sur des civils, des femmes, sur une route de la vallée du Jourdain, qui rentraient chez elles après des vacances en famille, à Tibériade.

La même cruauté aveugle.

Le 7 octobre est arrivé après des années de laisser-faire, durant lesquelles l'Etat a assisté, impuissant, au massacre régulier, systématique, organisé, de la population.

Mon Dieu, quand ces gens se lasseront-ils de nous tuer ? Soixante-seize ans que ce pays existe, et leur haine ne faiblit pas.

Et le monde regarde, commente, et il a pitié des bourreaux, il a pitié de Gaza, où vivent les familles des miliciens du Hamas, leurs mères, leurs frères, leurs enfants, et leurs sympathisants, et il nous ordonne de nous rendre, de cesser le feu, d'épargner le Hamas... Il exige que l'on nourrisse notre ennemi, que notre armée trouve repu et en forme, assez pour assassiner, chaque jour, quelques-uns de nos soldats, qui ont, en principe, toute la vie devant eux, et qui la sacrifient, à vingt ans, pour défendre ce pays, attaqué comme jamais. 

Je ne sais ce qui me fait le plus de mal, penser aux soldats qui donnent leur vie (et que leur commandement met en danger en les sommant, de manière particulièrement stupide et cruelle, de faire la différence entre combattants et non-combattants, alors que ces gens se battent en tenues civiles) ou au chagrin de leurs familles, au désespoir de leurs enfants qui grandiront sans père, parfois sans père ni mère... Aux blessés. Aux otages, retenus au fond des tunnels, sans lumière et sans soin, morts de faim, de soif, ou sous les coups de ces animaux à forme humaine que certains en France appellent des résistants. Même ici en Israël, d'ailleurs, à l'Université de Tel Aviv, on trouve de ces individus à l'esprit suffisament tordu pour chanter les louanges des terroristes, par exemple une certaine Anat Matar, qui qualifie d'inspirante la prose de Walid Daqqa que son nom soit effacé, un terroriste condamné à perpétuité pour avoir participé il y a 40 ans à l'assassinat d'un soldat, Moshe Tamam, en le torturant horriblement et que l'on a retrouvé mutilé. Au nom de la liberté d'expression, cette femme, qui fait l'éloge funèbre du terroriste, lequel vient de mourir d'un cancer, qu'Allah le maudisse et le rôtisse, a été laissée à son poste, mais pas plus tard que ce matin des étudiants ont manifesté à l'appel de Im Tirtsou pour exiger sa mise à pied. (Il faudrait en faire de même avec ce repaire de malades dégénérés appelés Amnesty International, qui célèbrent le pauvre martyr, font un éloge dithyrambique de son ''oeuvre'' écrite en prison sous l'oppression ''cruelle'' d'Israël.)

Ou aux Nations, organisées mais désunies, et qui ont manifestement perdu la raison...

Maya, Rina, Lucy-Léa, vous avez quitté ce monde de cinglés avant le 7 octobre. Acol lé tova, au moins, tout ceci vous aura été épargné.

Que vos âmes radieuses et pures connaissent le repos et la félicité, tout là-haut dans la lumière du Bon Dieu, amen. Que l'Eternel console votre pauvre père, votre frère, et vos deux soeurs, vous leur manquez terriblement depuis un an. Qu'Il nous donne la force de ne pas désespérer, qu'Il accorde à nos soldats le succès à Rafah, où ils feront un grand ménage de Pessah et d'où ils ramèneront les derniers captifs, amen véamen !


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