Treize ans, ce soir

Il y a treize ans, le 11 mars était un vendredi soir.

Ce vendredi 11 mars 2011, Tamar Fogel rentrait chez elle. Il était presque minuit, tout le monde doit être couché, se disait-elle, elle a mis la main sur la poignée de la porte d'entrée, pour la tourner sans faire de bruit, mais, bizarre, elle était fermée à clef. Alors que ses parents l'avaient laissée ouverte pour elle, elle en était sûre...

Tamar avait douze ans, elle était grande et elle avait reçu la permission d'aller passer la soirée avec des copines, une soirée organisée par les Bnei Akiva, dans une maison du voisinage. 

Elle ne comprenait pas pourquoi la porte était fermée, à son retour. 

Quand elle a enfin fini par entrer chez elle, avec l'aide d'un voisin, elle s'est retrouvée devant une scène affreuse, un carnage terrifiant avait eu lieu, dans la maison. Ses parents avaient été tous les deux assassinés à coups de couteau. Du sang, partout. Ses deux petits frères gisaient au sol, morts, et sa petite soeur tuée aussi, dans son berceau. Décapitée, selon le témoignage de nombreuses personnes.

A la réflexion, le même genre de scène que celles filmées le 7 octobre, lors de ce Shabbat qu'on appelle désormais le Shabbat Noir.

Le même mode opératoire

Deux frères, les frères Awad, étaient venus d'Awarta, un village voisin, à environ 2 kms. Ils étaient entrés dans l'implantation d'Itamar, de nuit, à l'entrée du Shabbat. Le système d'alarme avait réagi, mais on n'en avait pas tenu compte, des animaux, sûrement, l'avaient fait retentir, ça arrivait souvent.

Des animaux, oui. Deux sous-animaux, même, deux bêtes sauvages élevées depuis l'enfance à la haine anti-juive, deux jeunes salopards s'étaient introduits dans l'implantation pour tuer des Juifs. Ils sont entrés, ils ont égorgé, éventré, est-ce que je sais, en tout cas, ils ont utilisé l'arme favorite des terroristes arabes, le couteau. Et comme à Bé'eri, comme à Nir Oz, où des familles entières ont été massacrées, ils ont assassiné toute une famille, le père, la mère, et trois enfants, dont un bébé de trois mois. Ils ont perpétré, à Itamar comme à Bé'eri, les mêmes atrocités. 

Ont-ils hurlé Allaoua que barre ? Ont-ils ouvert le frigo de la famille Fogel pour se taper un petit en-cas, après avoir joué du couteau ? 

Ont-ils bu du Coca-Cola, comme chez les gens qu'ils venaient de tuer, le 7 octobre ?

Dans les deux cas, faillite sécuritaire : le système se déclenche mais on n'en tient pas compte, à Itamar, alors qu'à la frontière avec Gaza, rien ne sonne lorsque le système est attaqué à coups de hache, que la clôture de sécurité est franchie par une horde hurlante, aucune alerte n'est donnée et les barbares ont le temps de massacrer plus d'un millier de gens avant qu'il y ait une réaction de l'armée...

Dans les deux cas, une attaque planifiée un jour de Shabbat. Un jour saint que les arabes tiennent absolument à profaner, parce qu'il s'agit avant tout d'une guerre de religion.

Dans les deux cas, il s'agit de tuer le plus grand nombre de Juifs, simplement parce qu'ils sont juifs, sans faire d'exception : le bébé aussi a été tué, une petite fille qui s'appelait Hadas et qui n'avait que trois mois.

Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire terrible ?

Parce que la date du 11 mars 2011 est inscrite malheureusement en lettres de feu, pour moi comme pour bon nombre d'Israéliens... On a appelé ce quintuple meurtre le ''massacre d'Itamar''. Quelques journaux ont relaté la chose en France en mentionnant l'assassinat d'un ''bébé colon'' : Itamar se trouve en Judée- Samarie, dans les Territoires disputés et entourés de villages arabes hostiles.

Parce que le coup du bébé colon a représenté un sommet, dans la bassesse, et disons-le, dans la haine antijuive des merdias français, avec son cortège d'absurdités et de stupidités.

Tamar

Parce que je pense à Tamar, ce soir. Tamar qui avait douze ans, à l'époque. Les treize années qui viennent de s'écouler, elle les a vécues en orpheline, même si son grand père, le rav Yéhouda Ben Yishaï, l'a élevée, elle et ses deux petits frères rescapés, qui dormaient au moment de la tuerie et qui ont été miraculeusement épargnés, parce que les tueurs ne les ont pas vus.

Parfois je me dis que j'aimerais oublier cette date maudite. Et le rav Ben Yishaï aussi, il aimerait, j'imagine... Pauvre homme, perdre ainsi sa fille, son gendre, et trois de ses petits-enfants, dans ces conditions atroces...

Je pense à lui aussi ce soir et au chagrin qui est le sien, même si le temps émousse les angles terribles de cette monstruosité, rien n'efface le chagrin d'un père qui perd sa fille dans ces conditions-là. Elle s'appelait Ruth, et elle avait six enfants, un beau sourire, un mari, Ehud, qu'elle aimait et qui le lui rendait bien. Qui était, comme son propre père, un rav respecté et inspiré.

Comme elle a dû manquer à ses pauvres enfants, comme ils ont dû souffrir, sans elle, toutes ces années. Comme ils ont dû languir leur papa, oui, pauvres enfants.

Il paraît que Tamar s'est mariée, il y a trois ans. Elle a aujourd'hui 25 ans et elle vit depuis ces treize années écoulées avec ce souvenir terrible, ce retour dans la nuit et ce cauchemar en trouvant toute sa famille assassinée, un souvenir qui ne s'effacera jamais de sa mémoire, hélas. 

Elle continue à vivre, pourtant, elle s'est mariée, elle est devenue assistante sociale.

Elle a même porté plainte, avec une vingtaine de membres de sa famille, l'année suivant le massacre, et demandé 400 millions d'indemnités à l'Autorité Palestinienne, qui continue à salarier les massacreurs de Juifs en prison, et leurs familles lorsqu'ils sont morts.

Les événements du 7 octobre ont dû réactiver ces souvenirs traumatiques, chez elle et dans le coeur de tous les Israéliens, horriblement choqués par ce massacre de la gamille Fogel, ils avaient été 20 000 à assister à l'enterrement. 

Un saut quantitatif ?

Mais bien avant le 7 octobre, il y a eu malheureusement des attentats nombreux et meurtriers en Israël. D'abord, il y a eu d'autres massacres à Itamar, le premier, en juillet 2002, lors de la première intifada, celle qui a suivi les désastreux accords d'Oslo. Les attaques au couteau sont malheureusement le triste quotidien des citoyens d'Israël. Le père d'Ehud Fogel, Haïm, a déclaré, après une autre horrible tuerie, celle survenue à Halamish, le soir du Shabbat, encore un soir de Shabbat, tiens, le vendredi 21 juillet 2017, alors que la famille Salomon, qu'il connaissait, (1) se réunissait pour fêter la naissance d'un nouveau petit-fils, que cet événement tragique avait péniblement ravivé ses souvenirs du massacre d'Itamar : un terroriste est entré dans une maison ouverte, où l'on attendait d'autres convives pour le repas de Shabbat et armé d'un couteau, a massacré un grand-père, puis sa fille, son fils, blessant sérieusement la grand- mère, et d'autres convives, avant d'être mis hors d'état de nuire par un voisin, attiré par les hurlements des victimes, qui était accouru et avait visé le tueur par la fenêtre. Lequel n'a été que blessé.

A Eli, endeuillé l'été dernier par une attaque meurtrière dans une station service, les attentats recommencent...En ce soir de début du Ramadan, Tsahal a mobilisé deux fois plus de forces en Judée-Samarie qu'à Gaza, parce que le risque, vu l'incitement incessant sur les réseaux arabes au soulèvement, est très réel, étant donné la supériorité numérique des arabes dans la région et surtout, la présence du Hamas dans tous ces villages arabes.

Le massacre du 7 octobre ne représente finalement qu'un saut quantitatif, peut-être, par rapport au quotidien, que les Israéliens appellent le ''tif-touf'' le goutte-à-goutte, pour parler des roquettes et des attentats au couteau ou à la kalach'. A la réflexion il s'agit aussi d'un saut qualitatif, contre tenu des viols sadiques, des tortures -les femmes ayant été attaquées à coups de ciseaux dans leurs parties génitales, chose horrible à écrire, et à imaginer, des seins ayant été coupés, des corps, brûlés, et même, carbonisés entièrement, jusqu'à être rendus inidentifiables. Compte tenu aussi du partage en temps réel sur les réseaux sociaux, les assassins ayant filmé '' en live'', sur Facebook, assassinant une vieille dame face caméra et postant simultanément pour sa famille, chose qui, à ma connaissance du moins, n'était jamais arrivée en Israël.

La période que nous traversons est une épreuve au sens étymologique : nos coeurs sont incendiés, nos esprits torturés, réellement mis à l'épreuve, mais quelque chose, dans nos tripes, où je ne sais où, nous fait tenir debout et continuer à faire front, ensemble, et déterminés à vivre ici, malgré tout. Cette nouvelle guerre est une guerre existentielle qui mobilise en chacun courage et lucidité.

Ainsi, ce soir, 11 mars 2024, Moshé Feiglin a donné une interview à la BBC (2) qui me rend optimiste : enfin, un homme politique ose répondre la vérité à un journaliste qui l'interroge à propos du déplacement des gens de Gaza en les appelant les Palestiniens, à savoir que ''les Palestiniens sont un peuple inventé''. Qu'''il n'y a pas de peuple palestinien, et qu'il va falloir arrêter les mensonges. arrêter avec la création d'une fausse réalité''. Sic. Que ces gens ne veulent pas d'Etat, mais sont une arme pour détruire la souveraineté juive ici. Il n'y a pas de nation palestinienne, que "c'est le plus grand mensonge du vingtième siècle". Quand à la prétendue violence des colons, ''c'est exactement le contraire, sur le terrain'' répond-il, ''la vérité est diamétralement à l'opposé de ce que vous dites !'' ajoute-il.

Merci monsieur Feiglin.

Merci aussi d'avoir rappelé que les Anglais, qui ont bombardé massivement l'Allemagne, n'ont pas distingué entre civils et soldats nazis. Et que donc les Anglais sont très mal placés pour donner des leçons d'humanité et de préservation des populations civiles ! Pareil pour les Américains, qui ont bombardé sans se poser de questions Nagazaki et Hiroshima...

Feiglin insiste sur un point qui me paraît crucial, la majorité n'a pas forcément raison, et même si la planète entière continue à croire en l'existence d'un peuple palestinien, cela ne signifie pas qu'elle a raison. Le roi est nu, c'est la vérité énoncée par un enfant, contre des adultes dupés, nombreux et surtout, hypocrites.

Plusieurs fois, le journaliste de la BBC est mis en difficulté. Et lorsque Feiglin lui demande par exemple - Pourquoi vous ne répondez pas ? le type répond que son job est de lui poser des questions, pas de répondre aux siennes...

Feiglin n'a pas évoqué le massacre d'Itamar il y a 13 ans. Mais il a fait mieux : il a prouvé qu'on pouvait dire les choses calmement, y compris à la BBC. Y compris et surtout, la vérité.

Il a raison. Seule la vérité nous sauvera.


Beershéva, 11 mars 2024



(1) https://www.timesofisrael.com/terror-at-halamish-when-a-familys-shabbat-celebration-turned-into-a-bloody-massacre/

(2) interview de Moshé Feiglin du 11 mars 2024 à la BBC

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