La grenouille de l'archi-duchesse

Vous connaissez sûrement l'histoire, rabâchée tant et plus, de la grenouille qui cuit à feu doux... Souvenez-vous, on l'a plongée dans une marmite d'eau froide, et comme elle s'y trouve bien, elle reste là, à faire trempette. Mais la marmite est sur le feu... Un feu réglé au minimum, d'accord, mais quand même, sur le feu. L'eau chauffe. Comme le réchauffement est imperceptible, la grenouille, lentement, s'accommode. Assoupie, elle barbote, elle se laisse vivre... Elle ne sait pas qu'elle sera bientôt morte. Elle barbote, elle barbote. Elle finit par mourir dans la casserole, complètement cuite.

Triste histoire. Un apologue, comme disent les philosophes. Une histoire qui désigne autre chose, par métaphore : la lente agonie du genre humain qui baigne dans une zone de confort où il meurt à petit feu.

Car l'adaptation au milieu a ceci de fâcheux qu'elle rend le changement presque insensible, les choses changent, on se dit c'est le Progrès, on n'y peut rien, on doit s'y faire... On ne sent rien, on se contente de flotter, on se dit qu'on a pied, que cette chaleur est quand même assez préoccuppante, c'est vrai, mais que bon, c'est encore supportable, et alors bon, bin on encaisse. Les changements ont été lents, très lents, inçoupçonnables... La bureaucratie était pénible et on était harcelés, mais ma foi on se fait à tout, même au harcèlement. Et allez donc porter plainte pour harcèlement quand c'est l'Etat qui vous harcèle, via la mairie, via les impôts... Via la télé, via les institutions, filmées par la télé, l'Assemblée Nationale, le Sénat, la Knesset...

De là l'expression mourir à petit feu. Car si l'on plongeait la grenouille dans l'eau brûlante elle sauterait immédiatement hors de la casserole et bondirait hors de la cuisine... On s'est endormis. On nous a savamment accommodés, au sens culinaire,  Tout doucement, on a accepté de continuer à faire comme si de rien n'était, surtout, pas de scandale... Le pas-de-vaguisme est devenu général.

On n'a rien senti, ou pas grand chose, et puis peu à peu on a commencé à se rendre compte que tout était informatisé. Que c'était pas normal que les caissières demandent systématiquement le numéro de sécu, avant d'enregistrer vos achats, et puis la préposée au service du gaz, de l'eau, des impôts, de l'électricité... Que c'était pas normal qu'on ne puisse plus entrer à la Poste sans avoir pris un RV au préalable sur le site, ou via l'application. Pas normal qu'il n'y ait plus moyen de payer en liquide dans le bus et que le distributeur de tickets à monnayeur ait été enlevé. Pas normal de voir autant de gens payer avec leurs téléphones à la caisse.

Pas normal que les petites agences bancaires ferment les unes après les autres, et qu'on soit priés de discuter de nos petites affaires avec un robot sur Whatsapp, ou d'aller sur le site internet de la banque... 

L'affaire des compteurs Linky en France et son installation rendue obligatoire par décret au 31 août 2010 est emblématique : sa suspension avait été demandée par l'ex ministre de l'Energie Corinne Lepage en mars 2018, mais le bras de fer entre la société Enedis et les consommateurs récalcitrants se solde par la victoire de l'entreprise, 90% des foyers français étant équipés de ce compteur intelligent, lequel a été installé à 34,5 millions d'exemplaires dans les foyers français selon la société Enedis. Ce nouveau compteur fait parie des objets connectés : il relève la consommation électrique à distance et pourquoi pas, fixera un quota !

Pauvre grenouille... Je me souviens, au collège, pendant un cours de sciences nat', la prof avait placidement planté une épingle derrière la tête d'une grenouille qu'elle tenait entre le pouce et l'index, et fourrageait méthodiquement dedans avec son épingle, tout en nous expliquant très tranquillement ''vous voyez, je suis en train de suprimer le bulbe rachidien de la grenouille, regardez... Je pince sa cuisse, elle ne réagit pas : elle ne sent plus rien.''

Voilà. On ne sent plus rien, nous non plus. On nous a supprimé le bulbe rachidien à nous aussi. On nous pique, on nous pince, on insulte notre intelligence, nada. On ne réagit pas.

D'abord il y a eu la sidération, les confinements, les interdictions de sortir, la police dans les rues, puis dans les bars, les restaus, les gares... Il y a eu les masques, d'abord dedans, puis, partout... Au travail, à l'école, à la gym, et pour accoucher. Mettre au monde un enfant n'est déjà pas franchement une partie de plaisir, mais avec un masque, je n'ose imaginer le cauchemar. Autant courir le marathon en manteau de fourrure et talons aiguilles.

Il y a eu les amendes. Le flicage de la brigade du corona, déployée dans tous les lieux publics en Israël, chargée de repérer et de sermoner les récalcitrants, puis de sanctionner tout manquement, en opérant avec la police. Moi les flics sont venus me chercher jusque dans le bus dans lequel je m'étais refugiée, espérant pouvoir leur échapper et partir quand même à Jérusalem. Personne n'a protesté quand ils m'ont forcée à descendre. J'ai fait un live sur Facebook, je les ai filmés et j'ai déchiré rageusement le PV qu'ils m'ont flanqué pour non-port du masque, ça m'a soulagée sur le moment, mais évidemment l'enfer a continué, un enfer fait de frustration et d'exaspération quotidienne, pendant des mois. J'ai traité le sujet dans une chanson, il faut bien faire quelque chose de toute cette colère... https://youtu.be/sl6cqbflKiA

Il y a eu les tests... En réalité c'était notre obéissance, qui était testée. Les gens se sont conformés, dans leur immense majorité, et avec bonne conscience, à cette obligation d'obéir, de sortir masqués, partout, à celle de se faire injecter la substance expérimentale salvatrice présentée comme un vaccin, et à celle de devoir présenter un passe sanitaire pour alller manger dehors. Ou au concert. Ou pour prendre l'avion. Entrer dans un hôpital. 

Et quand on a ajouté au confinement la possibilité de sortir tout en respectant l'interdiction de franchir un certain périmètre, les gens se sont signé à eux-mêmes des autorisations de sortie... 

On a touché le fond, là, non ? Le fond de la marmite.  

Les gens ne semblent pas se rendre compte de ce qu'on leur prépare. Ou alors ils s'en foutent. Le tout-numérique, la liberté conditionnelle, la surveillance généralisée, les caméras partout avec reconnaissance faciale, le flicage numérique via le portable et le traçage systématique de la moindre dépense du moindre shékel. Un shékel bientôt numérique. Le blocage du compte en cas de dette, les gens sont habitués ici. 

La sécurité, il y a beau temps qu'on lui sacrifie tout, dame, le moyen de faire autrement... Le terrorisme a fait le lit des abus du tout-sécuritaire : les gens préfèrent qu'on fouille leurs effets partout, plutôt qu'on laisse entrer un porteur de bombe. Et je les comprends. J'ai accepté moi aussi de présenter une pièce d'identité, au mercaz klita, où j'ai habité deux ans, (ça veut dire centre d'intégration) et puis à laisser fouiller quotidiennement mes effets personnels à l'entrée des centres commerciaux, à la gare, à la banque, aux impôts, et dans tous les bâtiments administratifs, mairie, agence pour l'emploi, commissariat, etc...

Du coup le passe ne représentait qu'un degré de plus, peut-être, vu qu'on a pas mal sacrifié au tout sécuritaire ici. D'ailleurs ce passe on devrait l'appeler passe sécuritaire, plutôt que sanitaire, non ? 

La preuve qu'avec ce passe on est dans autre chose que dans le sanitaire, c'est que les gens étant vaccinés à plus de 90%, ici en Israël, la couverture vaccinale visée à été atteinte. Mais que malgré cela, le passe a été remis en vigueur, voici presque deux ans, le jeudi 29 juillet 2021. Je n'y croyais pas. Je l'ai appris à mes dépends. Car ce soir-là j'avais une place pour aller assister au spectacle des Voca People, une troupe extraordinaire de chanteurs-comédiens loufoques et inspirés... Ils devaient se produire au Mercaz HaTséhirim, dans le quartier de la Vieille Ville, à Beershéva, dès que je l'ai su, j'ai pris ma place. Un mois à l'avance. Je n'ai pas pu entrer. Ne pouvant pas présenter mon Ausweis, pardon, mon passe vert numérisé, j'ai été refoulée par les agents de contrôle. Niet. Désolés, sans passe vert, on rentre pas.

J'ai eu beau m'indigner, menacer, demander à parler au directeur, parler avec le directeur, supplier le directeur, pleurer devant le directeur, rien n'y fit. Pas de Tav Yarok, pas de spectacle. Pas de bras, pas de chocolat. Je fus refoulée sous l'oeil bovin du troupeau vacciné qui attendait en rang de pouvoir présenter son certificat de vaccination au préposé, en plus de sa place de concert. Eux allaient pouvoir entrer.

Ils avaient des ordres. C'est pas moi, me répétait le brave homme (brave ?) désolé, mais nous avons des ordres. C'est la consigne. Evidemment ce n'était la faute de personne, mais celle du système, c'est bien pratique le système, c'est tout le monde, et c'est personne. ''Vous avez des ordres ? C'est aussi ce qu'ont répondu les nazis, à leur procès !'' ai-je tenté, assez fort pour être entendue des gens dans la file d'attente. Regards courroucés de ces derniers. La comparaison était incongrue, insultante. Et pourtant, cette comparaison est tout à fait appropriée, pourtant : ce passeport numérique c'est du fascisme numérique, un outil de surveillance mis au point par des technocrates alliés à des concepteurs de programmes informatiques subventionnés par les gouvernements eux-mêmes. L'argent de nos impôts. C'est le rejeton de la cybernétique et de la bureaucratie : aller au restau, au concert ou au ciné devenait un privilège réservé dorénavant à une caste de privilégiés autorisés à consommer et goûter aux plaisirs de la matrice.

Le passe a été aboli, puis remis en vigueur. Puis réaboli. Mais il reviendra, soyons-en sûrs. Pour brouter il faudra un permis de brouter délivrable en échange d'une petite injection avec un burger en prime sans voir plus loin que sa prochaine pizza, ce passeport sera tout sauf temporaire, évidemment, et c'est la fin de la vie privée et du secret médical : pourvu qu'on consomme, cons que nous sommes, on s'en tamponne ! Tant on est cons, tant on est connes et qu'on ne veut pas comprendre qu'on est en train de cuire au fond de la marmite. 

Mais ça fait des années qu'on rouspète contre l'obligation vaccinale, qui est non seulement une tracasserie administrative mais une atteinte fondamentale à la liberté individuelle et notamment à celle de disposer de son corps. Les rouspéteurs n'étant qu'une petite minorité, le cirque continue. Le carnage, plutôt. Les moutons consentant à se laisser intoxiquer, eux et leurs rejetons, au profit de Big Pharmac sont les plus nombreux et n'ont aucune idée de ce qui les attend : il va maintenant falloir en passer par les quatre volontés de l'OMS, qui vient de décider la mise en place d'un système de certification numérique mondial, avec carnet de vaccination intégré. Sur le modèle de celui de l'Ubion Européenne. Voyagera qui pourra... L'OMS contraindra bientôt les populations de centaines de pays à se faire vacciner, faute de quoi, pas de passeport vaccinal, pas d'avion, pas de travail, pas de vie sociale, pas de vie tout court ! Mais les moutons, les autruches, les moutruches, comment faut-il les appeler ? Les grenouilles, oui, continuent à dire que tout va bien et que faut c'qui faut, une dose chaque mois, chaque semaine même s'il le faut, du moment qu'on peut aller au stade Teddy ! Qu'on peut regarder des matches de Coupe du monde sur écran géant ! Tout va très bien, madame la marquise !

Des émeutes en France ? Bof... La routine. Rien de vraiment nouveau, coââââ, ah la la ma bonne dame, c'est bien triste. Et pendant que les scènes de pillages et d'incendies hypnotisent tout le monde, micron Premier fait passer des lois en douce, il est légal maintenant d'écouter les portables et de les fouiller à distance. La loi est approuvée. On n'arrête pas l'progrès, coâââ, c'est vrai ? Oui, pas cool, coâââ, mais c'est comme ça, coâââ.

Mais bon, faut ç'qui faut, coâââ...

Oui, on peut bien devenir de la viande à piquer et des codes-barre sur un tapis roulant, comme des poulets industriels, du moment qu'on nous laisse partir en voyage organisé ! On peut bien abdiquer l'autonomie et la liberté de choisir ce qui entre ou pas dans notre corps, lequel appartient désormais à l'Etat. Qu'on décide donc pour nous de ce qu'on doit manger, cinq fruits et légumes, et de ce qu'on peut boire, bougez, éliminez ! Qu'on décide donc de la fréquence des injections obligatoires de produits chimiques, provenant de l'industrie du médicament ! Allons-y gaiement ! Puisque c'est pour notre bien, puisque c'est pour notre santé !

La grenouille de l'archiduchesse est cuite et archi-cuite!

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