Shirel, le Chant de Dieu

Tout à l'heure il y aura un hommage à Shirel. A Marseille. Elle était de Marseille. La pauvre petite, si belle, si jeune, si pleine de vie, de lumière, de joie tranquille, voilà qu'elle dort sous la terre, alors qu'il fait si beau dehors, Seigneur... Elle est morte sans voir le printemps, comme dit Paul Fort et comme chante Brassens. Elle est morte l'autre dimanche, il y a tout juste huit jours. 

Sa mère a dit qu'ils avaient fait l'Alya en 2006, pour pouvoir lui offrir une vie meilleure, ici. Seigneur... Elle avait trois ans quand elle est arrivée en Israël, où elle n'aura vécu que seize années. Elle avait 19 ans, elle faisait son service militaire dans les gardes-frontières, et dimanche soir, elle rejoignait sa base. Pourquoi s'est-elle arrêtée sur la route, avec ses camarades ? Pourquoi à Hadéra, où le dingue à la mitraillette l'attendait ?

Oui, Seigneur, je sais le bien qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait, et si on sera encore vivant dans une heure. Que nous n'avons pas le droit de critiquer Tes décisions. Mais quand même ça fait trop mal, des histoires pareilles. C'est pas humain, de devoir supporter tous ces attentats ici, alors que cette terre est notre seul refuge, notre seul bien, notre seul trésor. Que Tu nous l'a donnée, à nous, Ton peuple, Tu Te rappelles ?

Cette terre où nous sommes enfin revenus, où Tu nous as ramenés après un si long exil, pourquoi faut-il donc que nous l'arrosions sans répit de notre sang et de nos larmes ?

Sa famille, son père, Itshak, et sa mère, Dvora, s'étaient installés à Néthanya. Le coeur se navre en imaginant leur chagrin. Leur vie brisée à jamais. Comment vas-Tu les consoler Seigneur ? Toutes ces familles de Néthanya, qui ont déjà tellement souffert, tous ces gens endeuillés depuis ce terrible attentat, il y a vingt ans tout juste, cette année ? 

Seigneur, c'était aussi un 27 mars !

Ce 27 mars de l'An de Grâces 2002, il y a tout juste 20 ans, on célébrait le Séder au Park Hotel de Néthanya. La Pâque juive. Le jour le plus saint de l'année, (où bien est-ce Kippour ?) enfin, en ce jour de Pâque, qui est pour nous autres Juifs la fête de la liberté, la Nuit de la Sortie d'Egypte, les gens festoyaient dans un restaurant du bord de mer.

Ce 27 mars 2002, c'était Pessah, jour sacré entre tous, durant lequel nous avons prié tous les ans et pendant deux mille ans que Tu nous ramènes à Jérusalem. La salle était pleine. Un salopard assoiffé de sang juif est entré avec sa bombe et l'a fait exploser au milieu des convives.

L'explosion a soufflé la salle de réception et la verrière qui donnait sur la mer. Le plafond s'est effondré et tous les gens qui étaient là, jeunes et vieux, attablés en famille, sont morts sur le coup ou ont été blessés, certains, grièvement : trente morts, cent-soixante blessés. L'horrible nouvelle s'était rapidemment propagée. Le Pessah des Juifs du monde entier eût cette année là un goût de cendre.

Israël a déclenché l'opération Remparts, a retrouvé et liquidé les terroristes du Hamas ayant planifié cet attentat, qu'on appelle encore ici le massacre de Pessah, en a jugé et condamné d'autres à perpète, logés-nourris-blanchis par le contribuable israélien, (et même, rémunérés par l'Autorité Palestinienne, chaque terroriste ayant attenté à la vie ne serait-ce que d'un seul Juif étant considéré comme un martyr de la cause, lui et sa famille recevant pour son acte des sommes plus que confortables, selon un barême très précis)  et à l'été, a commencé l'édification de la clôture de sécurité, ce ''Mur'' qu'on nous accuse d'avoir construit pour nous protéger de ces bêtes féroces qu'on appelle des Palestiniens, un peuple imaginaire que nos gouvernants nous imposent depuis si longtemps. Trop longtemps.

Les terroristes qui ont déchargé leurs armes sur Shirel et sur son copain druze, Yézel, 19 ans lui aussi, ont-ils délibérément choisi cette date terrible du massacre de Pessah ? Il est permis de le supposer.

Tout à l'heure, à Marseille, il y aura des discours, pour Shirel, des gens pleureront, émus de pitié devant ce sort terrible qui fût le sien, parce qu'elle était si jeune ! Si brave, si belle !

Shirel veut dire Chant de Dieu. Elle a été réduite au silence, pour toujours et à jamais, parce qu'elle était juive, qu'elle était une Israélienne au service de la défense de son pays, et qu'elle portait l'arme et l'uniforme des soldats. Ce qui faisait d'elle une cible parfaite.

Oui, Shirel, tu n'es plus. Des terroristes ont pris ta vie, t'ont arrachée à ta famille. Ta famille qui t'aimait tant, et à qui aujourd'hui tu manques tellement. Par haine du Juif, ils t'ont enlevée à ta maman, à tes amis et à tes amoureux. Aux enfants que tu aurais pu avoir et qui auraient été beaux comme leur mère. 

Mais ta si brève existence a pour moi tellement de sens, cet engagement qui a été le tien, je le trouve infiniment touchant et beau. Cette volonté de servir ton pays, Israël, je l'admire, je l'honore et je veux lui rendre hommage aujourd'hui, du mieux que je peux. Tes parents viennent de payer le lourd tribut payé hélas par de tellement de gens, ici, et par tous ceux qui qui vont passer cette année Pessah sans leurs enfants, leurs maris, leurs épouses...

Oui, c'est vrai, nos enfants sont des trésors qu'on peut nous prendre. Le coeur d'une mère peut se briser si facilement. Console je Te prie la maman de Shirel, mon Dieu, si Tu le peux. Et puis aussi son père, son frère, toute sa famille. Tous l'aimaient tellement. Et fais que nos dirigeants finissent par se rendre compte des conséquences de leurs choix désastreux, catastrophiques, ici ou ailleurs. Qu'ils cessent enfin de rester sourds à nos souffrances, et qu'ils reconnaissent enfin la part de responsabilité qu'ils ont dans ces nouveaux malheurs qui nous frappent. Leur manque de courage et de clarté d'esprit, leur soumission aux dieux Argent et Kandiraton, autres divinités redoutables auxquelles on sacrifie malheureusement si souvent l'idéal sioniste.

Adieu, petit ange. Pauvre chérie. Que ton âme libre et radieuse s'envole tout là-haut dans la lumière du Bon Dieu, dans l'immensité infinie . Et qu'ici bas ton souvenir soit une joie et une bénédiction, amen.


Beershéva, 4 avril 2022





Commentaires

  1. AMEN ! Tout est dit ou presque ! Les palestiniens, les arabes israéliens ! Les sans âmes doivent choisir la vie qu'ils veulent avec nous ou bien se sera sans nous cela ne peut durer éternellement cette situation. Ils faudrait des solutions radicales et les politiciens devraient se mettre au travail pour y arriver et donner la paix à Israël !
    Israël est le pays des juifs ! Les arabes ont d'autres pays qu'ils nous foutent la paix à nous et nos enfants !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui c'est urgent, la série noire continue, 3 morts dans l'attentat de tout à l'heure à Tel Aviv, et aussi 9 blessés dont 3 graves. A Gaza et dana les territoires dits "palestiniens" ça bouffe ça festoie ça distribue des bonbons pour fêter ça.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'Internationale nazie

Lettre à Virginie K. et à mes copines pro-palestiniennes

Bibi, encore un effort pour être un vrai Premier Ministre d'Israël ! (Lettre ouverte à Bibi) Traduction en hébreu : Noémie Stora