Comme un lundi.

Hier soir, un terrible, un affreux coup de théâtre. Il fallait le voir pour le croire...et il a bien fallu le constater : le premier tour des élections présidentielles nous ramène cinq ans en arrière, avec les deux mêmes têtes de cons qu'il y a cinq ans... Les Français se réveillent ce matin avec une sacrée gueule de bois. Ils ont regardé, incrédules, les résultats s'afficher hier soir sur l'écran de leur télé ou de leur ordinateur. Les sondages n'avaient pas menti, ils donnaient le Poudré gagnant et prédisaient une remontée foudroyante de Marine Le Pen, qui se voit déjà ''femme d'Etat'' ainsi qu'elle le proclame fièrement sur son affiche électorale. L'avance du petit escroc de la finance et des cabinets de conseil sur la candidate RN est plus que confortable : son score est même plus élevé qu'en 2017.

Hélas, quelle claque ! Après l'attente fébrile des résultats de 20h, et la tension de ces derniers mois, voir apparaitre les portraits géants des deux mêmes andouilles a douché bien des enthousiames.

Réélu par le Système

Finalement, le Président-candidat avait raison : nul besoin de débat, ni de campagne. Ni de remplir les meetings. Car le Système qui l'avait porté au pouvoir en avril 2017 allait le réélire automatiquement... Et c'est ce qu'il a fait. Enfin, ce qu'il va faire. Je considère, comme beaucoup, que les mêmes causes produisant les mêmes effets, son adversaire au second tour, dans deux semaines, sera de nouveau battue. La dédiabolisation a ses limites. Le grand perdant de cette élection, à savoir Mélanchon, qui a fait un score honorable, mais insuffisant, et ne se représentera pas, car c'était sa dernière élection, a donné une consigne de vote très claire : il appelle à faire réélire Macron, - qui l'eut cru ? - par cette phrase assénée trois ou quatre fois ''pas une voix à madame Le Pen.''

En revanche, Eric Zemmour, visiblement bouleversé, a dû se résigner piteusement à appeler à voter pour madame Le Pen, cette patate antisémite et sans cervelle. Horreur. Tout en sachant qu'évidemment elle n'a aucune chance, aujourd'hui comme il y a cinq ans. Il a essayé de faire bonne figure et a remercié les millions de gens qui lui ont fait confiance, en se mordant les lèvres pour ne pas montrer sa déception et son chagrin. Lesquels évidemment je partageais. J'ai fait, hier dimanche, le trajet Jérusalem-Beershéva pour me rendre à mon bureau de vote. J'ai présenté mon passeport français, pris deux bulletins devant moi, me suis rendue dans l'isoloir et j'ai déposé, pleine d'espoir, mon bulletin dans l'urne... 

Comment ça va ce matin ? Bof, comme un lundi.

On essaie de s'habituer au fait de ne rien comprendre. K.O debout, on essaie d'encaisser. De faire face. Quel cauchemar d'avoir maintenant à choisir, de nouveau, entre la peste et le choléra ! On envisage de s'abstenir quitte à laisser gagner le candidat président, tellement haï et impopulaire. On avait rêvé de pouvoir porter au pouvoir quelqu'un d'intelligent, de courageux, de déterminé, que tant de gens avaient rejoint, confiants dans une possible qualification du ''Petit Juif berbère'' tellement aimé, tellement populaire, lui.

Tous les électeurs qui ont voté Zemmour sont évidemment tristes et abattus. Ils ne comprennent pas. Ils sont comme sidérés, beaucoup parlent ce matin d'écoeurement et de fin des haricots. Enfin, de celle de la France et de la démocratie. Beaucoup sont terriblement déprimés et parlent de partir. Je trouve qu'ils ont raison, et c'est d'ailleurs ce que j'ai fait, il y a plus de vingt ans. 

Mais d'un autre côté, je trouve qu'il ne faut pas se laisser aller à la tristesse et à l'amertume. Ni au découragement.

C'est une course de fond.

Car la Reconquista ne s'est pas faite en un soir. C'est un long travail, une lutte patiente et déterminée que de vouloir reconquérir son pays et mettre en oeuvre les moyens de cette reconquête du territoire et de la souveraineté. Cette épreuve n'est pas un sprint, c'est un marathon. Une course de fond. Se décourager à la première défaite, c'est pas sport. Le découragement se comprend, évidemment, mais ne mène à rien. Je le sais, car ici en Israël nous menons cette lutte depuis longtemps. Depuis le début... La lutte pour la souveraineté juive, ici, est une lutte sans relâche. Les attentats arabes se succèdent. La série noire continue, ici, avec un nouvel attentat au Centre Dizengoff jeudi soir, un énorme centre commercial au coeur de Tel-Aviv. Trois morts de plus, hélas, sans compter les blessés, certains grièvement. Feux d'artifice et distributions de douceurs en guise de rupture du jeûne de Ramadan, pour fêter ça, partout dans les ''Territoires''. Hier soir, le tombeau de Joseph a été profané pour la seconde fois, les pierres du caveau, brisées. Ce sont des images terribles et on voit dans ces actes de vandalisme une volonté féroce de s'attaquer à ce que nous avons de sacré; mais il sera reconstruit. Et les blessés guériront. Les plaies se refermeront. Surtout depuis cette semaine et une chute de la coalition à l'horizon, et l'espoir de dégager Bennet et ses acolytes.

En Israël, c'est Zemmour qui arrive en tête, non Macron. C'est pour moi une satisfaction morale.

Les Français sont devenus masochistes, en tout cas, certains d'entre eux. Ils se sont dit ''le contexte n'est pas bon, dans l'incertitude, votons encore Macron, au moins lui, nous n'avons aucun doute à son sujet, c'est une crapule.'' Dans leur majorité, ils se sont habitués aux insultes et aux magouilles, et ils ont refusé de prendre des risques, car le présent leur fait peur et Macron représente pour eux une certaine stabilité. La propagande a bien fonctionné, les gens se sont ralliés frileusement derrière le chef de l'état. En avril, ne te découvre pas d'un fil...

Le problème est le suivant : ceux dont le mot d'ordre est Tout sauf Macron vont-ils se résoudre à présent à voter pour la candidate du Rassemblement National ? N'y a t-il pas des limites, quand même ? En particulier quand on est juif ??

Très honnêtement, je ne me vois pas voter Le Pen. Mais pour dégager Macron, à part engager un sniper, je vois pas d'autre solution.

Vous en voyez une autre, vous ? Il y a des élections législatives dans deux mois, vous me direz. Avec raison, car il faut voir plus loin que le présent déprimant. Plus loin que le second tour.

Oui, mais il va quand même falloir choisir. Manifester ? Aller à la Manif Anti-Macron organisé par Philippot samedi prochain ? M'étonnerait que beaucoup de Juifs y participent, c'est Pessah, samedi prochain. Macron se fout bien des manifs, il est bien décidé à s'accrocher au pouvoir. Aller voter Le Pen ? S'abstenir ? Mon choix n'est pas encore arrêté.

Et le vôtre, l'est-il ?

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