Boris Cyrulnik est-il un vieux con ?


J'aime bien Cyrulnik, ses analyses sur l'altérité et son concept de résilience, ses réflexions désormais célèbres sur la construction de l'identité...
Je l'aimais bien, plutôt. Voilà que l'autre jour je tombe, au hasard de la navigation sur une vidéo au titre accrocheur, une conférence donnée le 21 octobre dernier devant des étudiants : ''Pourquoi dire non, langage totalitaire et résistance'' dans les locaux de l'Université Clermont-Auvergne. Avec en prime cette question, ''Pourquoi lors de catastrophe naturelles sociales, ou dictature etc, certaines personnes ont le courage ou la force de dire non, alors que d'autres ont le plaisir de se soumettre ? 

C'était le jour de l'anniversaire de Brassens, qui aurait eu ce jour là cent ans. C'est sûrement lui qui a dû me souffler le titre de cet article.

Croyez-moi, vous serez légitiment en droit de vous poser la question après avoir entendu le célèbre psychiatre rescapé des camps de la mort parler du vaccin expérimental, du passe sanitaire et des masques pour les enfants...

L'intitulé de la conférence était très alléchant, mais cette expression, plaisir de se soumettre, je l'avais trouvée carrément irrésistible, dame ! Voilà bientôt deux ans que je me refuse ce plaisir et que je continue à dire non aux masques, aux injections et aux tests... Pensez si la question m'intéressait. Pleine d'un plaisir anticipé, je clique donc avec gourmandise sur la vidéo et en avant, j'écoute... 

C'était, pour être franche, plutôt intéressant. Mais pas transcendant. Or, la vie est courte, et des vidéos, on en balance des milliers à chaque seconde sur Youtube... Et puis tous ces thèmes sur la deshumanisation des ennemis c'est ultra-connu... ça et là quelques bonnes formules, ''la récitation est un excellent tranquillisant...'' Un rappel utile, aussi : dans L'homme cet inconnu, Alexis Carrel se déclare pour l'élimination en chambres à gaz des épileptiques et des opposants. 

J'ai un peu zappé, j'avoue, jusqu'au moment où il évoque la liberté intérieure qui permet de résister, il la reprend d'Hannah Arendt, d'ailleurs, cette notion de liberté intérieure... Hannah Arendt, vous savez cette philosophe juive fascinée par Martin Heidegger, lui-même fasciné par le nazisme... Oeil-de-guerre, on l'appelait, à la fac. C'est grâce à lui, si j'ai pu réfléchir au problème de l'engagement des écrivains dans le nazisme, ou à celui de leur antisémitisme, avant le classique débat opposant les anti et les pro Céline : en effet, le prof de philo, en classe prépa, nous balança un jour un article intitulé Heidegger et le chocolat, paru dans le Monde en 1981. Il me fit d'ailleurs cadeau de la coupure de journal... Je l'ai gardée précieusement quelques années et puis elle s'est perdue dans l'un de mes déménagements... Je me souviens de la phrase de conclusion : ''une seule goutte de poison suffit à empoisonner un tonneau d'excellent vin''. Quelle phrase, hein !

Bref. ''La doxa est toute-puissante'', a conclu Cyrulnik, et ''s'y opposer coûte très cher''. Vlan. Fermez le ban.

Mais là où l'histoire devient intéressante, c'est qu'ils avaient prévu, après la conférence, un échange questions / réponses avec les étudiants... 

La première question fût posée par une jeune étudiante qui articula d'une voix claire '' Oui, merci, bonjour, je voulais savoir comment vous analysiez, du coup, la situation qu'on vit avec le vaccin et le passe sanitaire''.

Excellente question, non ?

Silence. Pas de réaction. La modératrice se met alors face au conférencier et répète la question au micro, pensant que peut-être le cher homme n'a pas bien entendu.

Il a très bien entendu. 

Hélas, c'est autre chose : la question le gêne, on voit bien qu'elle le prend au dépourvu. Il demande d'ailleurs qu'on lui pose une autre question, en rigolant... Et puis, à contre-coeur, il décide de répondre... Et quelle réponse ! On voit qu'il fait en fait semblant de ne pas comprendre la question. Il se met à réciter ce qu'il vient d'expliquer sur la structure des épidémies et leurs schémas classiques, il reprend sur ce phénomène du bouc émissaire, les Juifs régulièrement accusés de propager la peste, et puis il y a le sauveur, et les jeunes qui font des bacchanales désespérées pour conjurer l'angoisse de la mort et son imminence... Il reprend aussi la notion de déni, déni de ceux qui préfèrent ne pas affronter le problème et se protéger ainsi de l'angoisse que susciterait la reconnaissance que oui, le problème existe... Ouf, on a échappé au terme ''complotiste'' je pousse un soupir de soulagement. Soulagement de courte durée : le voilà qui condamne les jeunes qui ont organisé des raves, et qu'il annonce ironiquement qu'on ''a eu un sauveur''... 

Et ce fameux sauveur, c'est, je vous l'donne Emile comme disait Coluche, c'est Raoult ! Il confie d'un air détaché qu'il a épousé une amie de sa fille à lui, Cyrulnik; ayant dit, le voilà qu'il se met à le ridiculiser, d'abord il n'a pas le bac, il a fait médecine sans avoir le bac... ''Il a été autorisé à faire des études sur validation d'acquis...'' D'un air content de lui et de son petit effet, il révèle dans la foulée que lui-même a participé, en tant que membre du jury évidemment, à faire passer ce genre de validations d'acquis, d'ailleurs ridiculement faciles...  ''Mais'', concède t-il d'un ton supérieur, ''il parait que c'est un excellent virologue.''

Bon, je vous la fais courte, Raoult ne serait qu'un gourou, il serait ''parti d'un postulat jamais évalué'', sic, et ''hop il est parti là dessus'', re-sic, et si on l'a ''adulé à Marseille'' c'est parce que ''là-bas les gens refusaient le vaccin et ils prenaient la chloroquine parce que cet homme était merveilleux'' re-re-sic.

Les étudiants ont applaudi ça.

Et c'est ainsi qu'avec un mépris et une condescendance qui m'ont péniblement choquée, et que je n'aurais pas imaginés venant de lui, il a accusé le professeur Raoult, poliment et avec un petit sourire condescendant d'être un faussaire et un charlatan, en tout cas et au mieux, d'être finalement ''victime de ses a prioris'', a t-il conclu, utilisant des raccourcis et des mensonges dignes des plus cons des journalistes français. Evidemment, si les services hospitaliers étaient débordés à Marseille c'était à cause de "tous les cons qui ne voulaient pas prendre le vaccin." Selon lui. Merci, vieux.

Ce mépris, cette violence contre nous, les opposants, les anti-pass', les partisans du professeur Raoult, m'ont tellement agacée que lorsqu'il a affirmé ''c'est un marginal de génie et la chloroquine ne marche pas j'en ai pris'' je n'ai pas pu m'empêcher de penser ah ça c'est clair que pour ce que tu as, la chloroquine ne marche pas, elle peut rien pour toi la chloroquine...

Heureusement que je n'étais pas là, je ne l'aurais pas laissé accumuler tous ces mensonges sans réagir ! Comme si le professeur Raoult n'avait pas sauvé des milliers de gens ! Normal qu'ils lui en soient un peu reconnaissants, au moins un minimum, non ? Mais non, c'est un "mouvement d'adoration" et nous serions tous des fanatiques sous emprise, des abrutis abusés par un gourou malfaisant. Classique. Mais faux, en l'occurrence. L'hydroxychloroquine, l'Inde, l'Afrique, le monde entier en prend, et les travaux du professeur Raoult et son protocole anti-covid sont reconnus partout ! Sauf en France !

Nul n'est prophète en son pays !

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin : ''les antipass exagèrent ! C'est vrai que le pass c'est casse-pied... mais quand même'', c'est ça le message, la substantifique moelle de la conf à Cyruru... Si Cyruru m'était conté...

Casse-pied. Le flicage via un système numérique, le triage des citoyens selon leur statut vaccinal, la mise aux normes de tous et de chacun au tout-numérique, la soumission aux injections forcées d'une substance expérimentale aux effets secondaires effrayants et tragiques, l'apartheid sanitaire, tout ça c'est juste ''un peu casse-pied.'' 

Je vous jure, il a dit ça. Incroyable...

''Je suis personnellement blessé quand je vois des étoiles jaunes dans les manifestations contre le pass' sanitaire'', déclare-t-il, mais bougre d'imbécile, l'étoile jaune, elle a d'abord été un symbole d'exclusion ! De mise à l'écart, de la privation de droits, de la stigmatisation ! Le massacre, il est venu bien plus tard, et le parallèle avec les morts d' Auschwitz c'est toi qui le fais ! Nous, ça ne nous viendrait pas à l'esprit de vouloir comparer l'incomparable !

Tu parles d'une résilience... La blessure est encore là, la résilience, c'est pour les autres, visiblement, pas pour toi ! Alors, ça te sert à quoi, d'avoir connu la shoah ? A t'empêcher de penser ? A avoir un tabou à chouchouter, et pas touche ?

L'analogie, les gens la font, que ça te plaise ou non, ils la font de Paris à Tel Aviv et jusqu'à Jérusalem ! Ils portent l'étoile, non pour évoquer la mort de toute ta famille dans les camps, mais rappeler la désignation comme boucs émissaires dont les Juifs furent victimes ! Et ils ont raison de la faire, car il est évident que l'on assiste à la même mise à l'écart, à la même stigmatisation ! En tout cas, moi, je la porte, dans toutes les manifs, à Beershéva, à Tel Aviv, et même, à Jérusalem ! Et si cette analogie te blesse, c'est que ta fameuse résilience, c'est du flan !

Question suivante. La deuxième question avait trait au sentiment esthétique, l'art et la création sont des facteurs de protection, oui, merci, on s'en serait pas doutés sans vous monsieur Cyrulnik. ''La fonction créatrice met à distance, elle métamorphose le malheur, lequel devient alors partageable...''

Je vous fais grâce de la suite, je me suis arrêtée là, ces six minutes pendant lesquelles l'auditeur constate que ce monsieur n'a absolument pas pris la mesure de ce qui se passe actuellement dans le monde entier sont tout bonnement stupéfiantes...

Terrifiantes, même. Je n'en croyais pas mes oreilles...

A lui sert tout son savoir ? A rien. Sa notoriété ? A continuer à réciter des choses qu'il récite depuis trente ans... A refuser de penser ! Un totalitarisme ? Des gouvernants qui imposent de nouvelles lois à l'ombre de l'état d'urgence ? Où ça ? De nos jours ? Mais vous plaisantez...

C'est triste, une lumière qui s'éteint... Mais ce soir, mercredi 8 décembre, c'est la Fête des Lumières, à Lyon ! La coutume veut qu'en souvenir du miracle qui épargna Lyon, contourné par la peste, chacun allume une lampe à sa fenêtre... C'est joli, la Croix-Rousse tout illuminée, le soir du 8 décembre... Je voudrais voir ça, tiens !

Je me souviens des joyeuses soirées de 8 décembre de ma jeunesse, on risquait de se prendre de la farine sur la tête quand ce n'était pas des oeufs, et de se faire éclabousser, il était prudent de se balader ces soirs-là muni d'une bouteille d'eau, en guise de force de dissuasion !

Prions que la lumière se fasse un jour aussi dans la tête à Cyrulnik ! Je le maintiens, c'est un vieux con ! Mais tant qu'y a d'la vie, y'a d'l'espoir... Bonne fête à tous les Lyonnais, et comme il paraît que c'est une fête qui a fait tache d'huile, qu'on fête les Lumières désormais un peu partout en France, alors bonne fête à tout le monde ! Vous illuminez vos rues vos maisons et vos immeubles le soir du 8 décembre, et nous, nous sortons de la Fête de Hanouca, qui dure huit jours et qui commémore la victoire d'une petite minorité sur une immense majorité, celle des Maccabim sur la puissante armée des Grecs ! Encore un miracle !!! 

Bonne fête ! Hanouca saméah !💟

PS : j'ai eu l'idée de lire les commentaires des gens ayant regardé la conférence, idée salutaire, car je me sens moins seule, et bigrement réconfortée !!

En effet, la majorité des commentateurs a le même sentiment de frustration, de déception et d'exaspération que moi... Le sentiment global est que l'orateur tombe dans le travers qu'il dénonce, et évite de penser. Se contente de réciter...  Il est évident que ce monsieur n'a pas pu évaluer la situation que nous vivons : son logiciel a besoin d'une sérieuse mise à jour !!!

Voici le lien de la conférence : https://youtu.be/I9YvILTA5Y8 le moment dont je parle est à 1'06:50, allez-y directement si vous n'avez pas le temps de vous farcir toute la conférence, laquelle était, je le redis, franchement assez peu intéressante. Bon courage.


Commentaires

  1. Très bel article que je ne peux qu'applaudir ! Ils ont quoi, tous, à être hallucinés et ne pas prendre la mesure de ce qui se passe. Échange glaçant avec un forain ( juif) qui vend du Darel. Une dictature ? Quelle dictature ? Ah tu vas chez Erdogan, tu n'as pas honte?
    Ben moi chez Erdo, comme je me sens bien et libre! Pas de pass, on mange au restaurant, pas de masques. Bref l'angoisse d'aller passe 10 jours en Macronie par obligé!😱

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  2. Merci pour cet article. J'ai ressenti la même chose lors de la réponse sur le vaccin et le pass. Mr Cyrulnik fait une magnifique palinodie doublée d'un amalgame godwinesque lorsqu'il valide la doxa intouchable qui a façonnée sa génération : la vaccination. Bref, cet homme a des choses très intéressantes à dire et je ne garde que le bon, mais il est aussi la preuve, comme nous tous finalement, que rien n'est tout blanc et que rien n'est tout noir.

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    1. Oui, Cyrulnik tombe dans le travers qu'il dénonce, et comme vous dites son attitude nous aide à comprendre que ce délire collectif n'épargne personne, même pas ceux qui ont subi dans leur chair les effets du totalitarisme et de la terreur.

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