Qui est le monstre ?

Vous avez sûrement vu ce film avec Pierre Richard, le Jouet... C'est l'histoire d'un journaliste à qui il arrive une bien curieuse histoire. Victime d'un caprice qui le mène à accepter d'être le jouet d'un gosse de riche, il doit, au début du film, accepter, pour pouvoir être embauché, de raser sa barbe...

Dès le début, le sujet est lancé : jusqu'où accepte t-on d'aller en vue d'une chose que l'on convoite ? Ici, une place dans une entreprise. Il est au chômage, il râle, il proteste, mais finit par obéir à Blénac, le bras droit du PDG qui lui dit ''allez vous raser''. Il a la place. Pour la conserver, il doit accepter d'entrer dans une caisse et d'être livré, dans tous les sens du terme, à un petit garçon... ça y est, ça vous revient ?

Le PDG, monsieur Rambal-Cochet, se permet certaines libertés, par exemple de licencier un de ses employés parce qu'il ''a les mains moites''... Le malheureux ne peut même pas compter sur la solidarité de ses collègues... Une scène m'avait frappée, vous vous en souviendrez sûrement si vous avez vu le film, le PDG arrive en retard à un déjeuner avec ses employés, assis à une longue table installée dans l'herbe, tous l'attendent religieusement pour commencer, puis sur une invitation du contre-maître commencent timidement à manger... Ils s'interrompent quand il arrive de l'autre côté du champ, écoutent son discours la bouche pleine sans oser mâcher... Ayant fini de parler il invite courtoisement tout le monde à poursuivre, ''Continuez, je vous en prie...'' puis s'assoit à un mètre de la table, tout au bout, et au lieu d'approcher sa chaise, il tire paisiblement la table à lui, semant un joyeux bordel parmi les convives... Vous vous souvenez ? 

Une autre scène m'avait frappée... Par chance, je l'ai retrouvée, sur YouTube... La voici :

https://www.youtube.com/watch?v=7Sdo0kSuvcU

Elle est d'une actualité saisissante, non ? Qui est le monstre, demande le tyran, moi qui vous demande de vous deshabiller devant moi ou vous qui acceptez de m'obéir ? 

Qui est le monstre, le gouvernement qui impose des mesures stupides et avilissantes, ou le peuple qui les accepte ? Qui est le monstre, ceux qui imposent le port du masque à l'école, ou à l'extérieur, ou ceux qui acceptent de se conformer à ces directives arbitraires et insensées ? A ces mesures ''liberticides'' comme disent les journalistes, en réalité, monstrueuses ?

Lorsque le pass sanitaire a été réclamé ici en Israël pour aller s'assoir à une table de restau, je n'y croyais pas. Nous sommes allées, avec ma fille, boire un chocolat chez Max Brenner, notre endroit préféré à Tel Aviv... Et c'était vrai. La serveuse a exigé un pass vert pour nous servir, j'ai trouvé ça surréaliste, nous nous sommes regardées, et nous sommes parties. On s'est mis à le réclamer partout, pour aller au restau, au concert, du coup je n'allais plus au restau ni au concert, et puis il a été miraculeusement enlevé début juin, pour être remis en vigueur le 29 juillet 2021, je m'en souviens, j'allais ce soir-là au concert des Vocapeople, un groupe vocal dont les facéties et la liberté sur scène me ravissent... Hélas, j'avais ma place, mais pas de passe, et j'ai jamais pu rentrer.

J'ai fait un scandale, appelé le directeur, peine perdue. Il avait des ordres. 

- Comme les nazis, eux aussi ont dit qu'ils avaient des ordres, ai-je tenté. Mais hormis quelques mauvais regards de gens dans la file d'attente, munis eux de leur passe vert, et de leur pièce d'identité, en plus de leur place, je n'ai rien obtenu. On m'a remboursé mon billet d'entrée, oui, bien sûr, c'était le minimum. J'ai pris l'argent, sonnée, K.O debout, je suis retournée chez moi en somnambule, en me répétant ''c'est monstrueux'' . Comment, dans le Pays des Juifs, on pouvait invoquer les ordres, et prétendre ne faire qu'appliquer les consignes, un refrain sinistre dont nous autres Juifs avons déjà tant souffert ?

Ces gens, mes concitoyens, mes compatriotes, acceptent, eux, de jouer le jeu, et de se plier aux exigences du gouvernement, sans comprendre que ce pass dit sanitaire n'a rien de sanitaire, puisque les vaccinés, même malades, gardent l'avantage de leur pass ? Pire, un tel apartheid entre citoyens vaccinés et non-vaccinés leur parait acceptable...

Qui est le monstre ? Celui qui exige l'inacceptable, ou celui qui accepte, qui consent à l'inacceptable ? Grave question... Vous me direz que la relation est faussée, qu'il s'agit d'un jeu de pouvoir, que le consentement est arraché... On entend parler de gens qui se soumettent à la piqûre parce que disent-ils ils n'ont pas le choix... Ils ont des familles à nourrir et des prêts à rembourser, et ne peuvent se permettre de perdre leur emploi. D'autres qui continuent à refuser les injections, en se procurant un faux pass sanitaire... Le passe de la honte, comme moi et d'autres nous l'appelons.

Vous me direz que ces gens sont victimes d'un système qui les oppresse, et qu'ils n'ont pas vraiment le choix, comme le bras droit du PDG qui estime qu'il doit obéir au patron s'il veut garder sa place, et donc accepter de baisser son froc... Oui, bien sûr, vous avez raison, il s'agit bien d'un jeu de pouvoir, un jeu pervers, un couple sado-maso où la victime est aussi perverse que son bourreau. Des avocats, des juristes se posent en sauveurs et intentent des procès, ce qui est à mon sens une bonne chose, mais ne faudrait-il pas plutôt sortir de ce triangle infernal persécuteur-victime-sauveur ?

Cette histoire de soumission aux autorités est déjà allée trop loin. Quelle dose de violence les gens peuvent-ils encore supporter ? Jusqu'où iront-ils dans l'asservissement pour continuer à jouir d'une liberté conditionnelle ?

Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?


Commentaires

  1. Comme d'habitude un article brillant! La fiction est souvent très perspicace et éloquente sur notre société

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  2. Le bras de fer du bluff. Il est clair que si le peuple faisait preuve d'unité, de solidarité, les gouvernements iraient s'excuser auprès des charlatans en leur disant : "Désolés, ça ne prend pas". Mais puisque ça a pris avec une dose, deux doses, trois doses, on a ouvert la voie à toutes les autres doses, y compris au maintien des restrictions : distances, masques etc.
    Quand j'ai tourné en dérision cette situation, en la comparant à cette fable du serviteur qui avait rapporté à son maître un poisson avarié (il devait forcément ne pas revenir du marché les mains vides), et qui, ayant eu le choix entre trois châtiments, les avait finalement endurés tous les trois, beaucoup avaient déjà depuis longtemps perdu leur sens de l'humour.
    Par ailleurs, ce qu'il y a de dangereux dans le message du Jouet, c'est que le spectateur a presque envie de dire à Pierre Richad (François Pignon, sauf erreur?) : "Vous voyez, ce n'est pas si terrible que ça de se plier aux caprices de cet enfant".

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