Les robots n'ont pas d'humour

On dit souvent, en parlant d'un animal familier, un chat, un chien, un chimpanzé (celui de Léo Ferré s'appelait Pépé) qu' ''il ne lui manque que la parole''. De même on peut se demander ce qui manquerait à une machine pour qu'on puisse la  prendre pour un humain.

En effet, comment concevoir et optimiser cette humanisation des robots ? Il parait qu'il existe quelques familles américaines qui possèdent maintenant  un robot à la maison, qui leur sert tour à tour de baby-sitter, de serviteur capable de tondre la pelouse, de préparer le café ou descendre les poubelles, de faire la cuisine ou D.ieu sait quoi encore. 

Mais les robots restent ce qu'ils sont : des machines.

Que leur ajouter pour les rendre plus humains ? (Une âme, sûrement mais... comme c'est une partie qui n'appartient pas au monde manifesté, le projet n'est pas près de voir le jour je crois.) Quel serait d'ailleurs l'intérêt d'une telle amélioration ? A mon avis, il y aura forcément un jour des gens qui voudront faire prendre des vessies pour des lanternes, et des machines (ordinateurs, robots...) pour des humains. Comment distinguera t-on si l'on a affaire à une machine ou à un être humain ? 

Est-il d'ailleurs possible à une machine de se faire prendre pour un être humain ?

C'était d'ailleurs, je me souviens, le sujet proposé par un de mes profs en année de licence, et je le trouve, à présent, terriblement d'actualité.

Ce prof, c'était Jean-Pierre Séris, spécialiste d'épistémologie, ça veut dire philosophie des sciences, un type passionné et passionnant. Je le revois, de dos, pull mohair vert clair et crinière argentée, écrivant à la craie, d'une belle écriture ferme, harmonieuse et élégante, le nom de Vaucanson au tableau, puis se retournant pour nous raconter, avec ce bel accent chantant des gens originaires de Toulouse, l'histoire de Jacques Vaucanson, qui vécut au XVIIIème siècle, en France. C'était un inventeur, un créateur d'automates, et sa rencontre avec un chirurgien fût déterminante : il fabriqua, ayant voulu tester l'idée que le phénomène de la digestion pouvait être réduit à un mécanisme, un canard plus vrai que nature qui était capable de manger, digérer et même de déféquer !

Ayant fini son topo sur les machines de Vaucanson, il embraya sur les machines en général puis sur les machines à calculer… Pascal, le calcul intégral, les computations les combinaziones et finalement les combinatoires, l'intelligence artificielle et les ordinateurs. Dire que ça me barbait, à l'époque...

Le thème de l'année était le jeu. Il avait commencé en début d'année son cours sur les jeux de hasard, racontant que si les jeux de hasard avaient été longtemps interdits, c'est à cause de leur caractère prétendument diabolique. Notamment le tric-trac. En effet, "nous devons gérer sagement nos biens, et risquer de tout perdre en misant à la loterie, ou à la roulette, au casino bref aux jeux de hasard, c'est mal se conduire". (La Torah) Toutes les religions, en tout cas, les religions monothéistes, voient les paris et les jeux d'argent d'un très mauvais oeil : jouer en misant de l'argent, c'est clairement tenter de s'enrichir de manière malhonnête, de chercher l'argent facile, d'où l'interdiction de parier.

En réalité, les statistiques ne sont pas en faveur des joueurs et c'est l'Etat qui s'enrichit aux dépends des gens qui jouent au Loto.

Vers le deuxième trimestre nous attaquâmes le calcul des probabilités et c'est là que les Athéniens s'atteignirent, comme dit l'autre. C'est après un cours sur Luis Borges et sa nouvelle, vertigineuse, étourdissante, intitulée La bibliothèque de Babel, et l'exposition de l'hypothèse du singe grammairien que les choses dégénérèrent entre nous, et en public : cette hypothèse, je vais d'ailleurs vous la rappeler pour que vous saisissiez l'enjeu de la discussion, supposons un singe qui taperait des lettres sur une machine à écrire, et qui aurait l'éternité devant lui. Il finirait, forcément, mécaniquement, par taper l'Illiade et l'Odysée, l'Ulysse de Joyce et même la Bible.

Cela vous choque ? Moi aussi, à l'époque, je trouvais que c'était de l'immonde provoc, je soutenais que non, qu'un singe ne pourrait pas reproduire ces chefs-d'œuvres, disposât-il d'un temps infini, c'était absolument impossible ! La probabilité pour qu'il y arrive c'était zéro. Mais, objectait-t-il, impatienté et rageur, puisqu'il a l'éternité ! Je ne voulais pas en démordre, l'idée était trop choquante peut-être, réduire une œuvre littéraire à une combinaison de lettres… Eternité ou pas, votre singe ne pourra pas taper in extenso ni la Bible ni l'Odyssée, lui répondais-je. Jamais de la vie !

La classe était muette partagée et comptait les points : moi, mais puisqu'il tape au hasard il ne peut produire ces chefs d'œuvre qui sont le fruit de la Nécessité et non du hasard !

Lui : mais puisque ce singe a l'éternité, bon sang ! Il finira fatalement par produire mécaniquement ces textes, s'emportait-il. Par épuiser les probabilités…  Moi : Mais c'est l'inspiration qui produit ces chefs d'œuvres et non l'épuisement des possibilités ! Lui : Mais le temps infini contient toutes les combinaisons de lettres, il a toute l'éternité pour les sortir, et à la virgule près, allons !

Evidemment, avec l'infini à la clef...

Mais penser l'infini n'est pas donné à tout le monde, il faut croire, en tout cas ça dépassait  ce jour-là largement mes capacités d'abstraction.

Evidemment, ça devient intéressant si on remplace la machine à écrire par un ordinateur, et le singe par un programme. On n'a peut-être même plus besoin de l'infini… Si les calculs sont fait en nanosecondes… on gagne un temps fou !😋🤗

Donc, voilà qu'il nous propose un jour ce sujet de réflexion, "comment distinguer si l'on a affaire à un être humain ou à une machine ?"

Il précisa d'emblée qu'il ne s'agissait pas de parler de robots, d'humanoïdes, ou d'automates perfectionnés, donc d'apparence, mais seulement de communication, les deux ''interlocuteurs'' n'étant pas dans la même pièce : comment déterminer, pourtant, si l'on parle avec un ordinateur ou avec un être humain ?

J'avais beaucoup aimé traiter ce sujet. J'avais axé ma réflexion sur le manque d'humour des machines, qui ont tendance à se limiter à échanger de l'information, à traiter du contenu, et à être insensible à la forme. Notamment elles sont évidemment incapables de comprendre l'ironie et le deuxième degré : de prendre, autrement dit, de la distance par rapport aux données dont elles disposent.

Les robots n'ont pas d'humour, c'est bien connu. Vous êtes mécontent de votre robot jardinier cuisinier baby-sitter et j'en passe, vous le congédiez en lui disant ''Prenez la porte !'' et il se fera un devoir de vous la démonter immédiatement : le robot prend tout au pied de la lettre et ignore les expressions imagées.

Aujourd'hui je traiterais sûrement le sujet autrement, et de manière plus radicale, en disant qu'il suffit de demander à l'interlocuteur qu'on soupçonne d'être une machine de multiplier un nombre à quatorze chiffres par un autre à vingt-trois, et évidemment si l'on reçoit la réponse en une fraction de seconde alors on saura qu'il s'agit évidemment d'une machine. Ou bien, me direz-vous, d'un humain muni d'une machine à calculer… Mais le sujet c'était soit l'un soit l'autre, ou une machine, ou un humain. Un ou exclusif comme on dit en logique.

En réalité, on ne peut pas communiquer avec une machine, je veux dire, de manière authentique. Parce que la communication c'est une chimie, un plaisir, et je suis persuadée qu'on ne peut pas prendre plaisir à la conversation d'une machine. Elles ne pensent pas, elles traitent de l'information, ce n'est pas pareil. Car la pensée se compose d'une bonne part d'imagination, et aussi, d'improvisation… Deux choses inconnues des machines. Et puis, pour en revenir au jeu, les machines ne jouent pas sur les mots... Elles ont du mal à suivre, à voir le rapport, si l'on joue un peu sur les mots... Le jeu, c'est quelque part, la liberté, car la possibilité de jouer n'a cours que s'il y a un espace, comme dans l'expression "il y a du jeu", qui indique que les éléments ne sont pas fixes, qu'il y a un intervalle entre eux, comme quand une clef " joue dans une serrure". Comme quand on se laisse "du jeu" dans son emploi du temps, que les choses ne sont pas absolument fixées. Qu'on dispose de quelque latitude.

Le corrigé de la dissertation consista je me souviens en une sorte de longue causerie sur Turing, l'inventeur du fameux test qui porte son nom, et je crois, du premier ordinateur digne de ce nom, et qui propose justement des critères pour apprécier ce qui distingue l'intelligence artificielle de l'intelligence humaine et des pistes pour simuler cette dernière.

L'histoire de cet homme est émouvante, triste à pleurer. Un tel génie s'empoisonnant en prison parce qu'il ne supportait pas le traitement qu'on lui infligeait, la castration chimique, pour crime de pédérastie, on dit maintenant homosexualité. Qui n'est plus un crime ni un délit mais au contraire, devenu très à la mode. Mais ceci est un autre débat.

Les robots n'ont pas d'humour, et j'en ai fait plusieurs fois la triste expérience. Je dis triste parce que se faire interdire de publication par Facebook n'est pas une expérience franchement agréable : ''votre publication contrevient aux standards de la communauté'' , vous signale t-on brutalement, avant de vous infliger une amende pour excès de vitesse, pardon, pour propos inconvenants.

Carton rouge, direction le banc de touche, vous pouvez toujours regarder, lire, etc, mais il vous est interdit de réagir aux publications de vos amis ou à n'importe quelle publication d'ailleurs, donc vous ne pouvez ni liker ni commenter ni publier.

Et pourquoi ? Parce que… les robots n'ont pas d'humour ! En tout cas, eux et moi on n'a pas le même... Bref, une blague, certes un peu osée mais qui me faisait hurler de rire n'est pas passée. Je vois que vous grillez d'impatience, je vous la raconte ! Voici : j'ai légèrement modifié une blague qui a beaucoup circulé sur internet fin 2020, et que tout le monde connait, je suppose, c'est deux rats qui discutent, l'un demande à l'autre s'il s'est fait vacciner contre le covid 19 et l'autre lui dit que non, qu'il attend la fin des expériences sur les humains. La mienne est beaucoup plus rigolote : c'est deux rats goys qui discutent et l'un demande à l'autre s'il s'est fait vacciner contre le covid 19, et l'autre répond ''T'es pas fou, j'attends que l'expérience sur les rats juifs soit terminée.''

Je l'ai postée sur mon mur. Et ensuite, j'ai eu la mauvaise idée de la partager sur un de mes groupes.

Dans les 4 minutes qui ont suivi la publication sur ledit groupe, dont je tairai le nom par charité, celle-ci disparaissait. Elle était raciste et ne respectait pas les standards de la communauté, etc … Sortie de jeu. Donc, sanction immédiate, et pas moyen de contester, rien… Pourtant, cette blague ne faisait qu'exprimer ce que tout le monde sait, ce sont les Israéliens qui servent de cobayes au laboratoire qui produit les vaccins. Et d'ailleurs les Japonais ont annoncé en octobre 2020 qu'ils attendraient mars 2021 pour commencer à vacciner leur population. C'est la date à laquelle les Israéliens devaient être majoritairement vaccinés. On est donc officiellement des cobayes humains, en tout cas pour le Japon. Ma plaisanterie ne faisait qu'énoncer, certes, crûment, la vérité vraie. Je l'ai donc eue assez mauvaise, je vous prie de le croire.

Evidemment, les robots n'ont pas d'humour, mais les cons non plus : effarée de lire ces mots, rats goys et rats juifs, la demoiselle qui m'a dénoncée aux robots de chez Facebook a écrit, sous ma blague, ''quelle honte ! Et le jour de la Libération des camps en plus !'' (Tout ceci se passait le 27 janvier dernier, jour choisi en Europe pour la commémoration de la Shoah et la libération du camp d'Auschwitz. Chez nous en Israël, c'est ce soir, 7 avril 2021. Nous allumerons des bougies qui brûlent 24 heures et nous ferons la statue dehors, en silence, demain matin, à 10h, pendant deux minutes, au son de la sirène.)

J'ai longtemps cru qu'il y avait des modérateurs, chez FB ; en réalité, avec plus de deux milliards d'utilisateurs il est évident qu'ils n'ont pas les ressources humaines pour gérer le volume monstrueux des  publications et des commentaires générés chaque jour à chaque instant et dans pratiquement toutes les langues. Ils ont des robots. Des bots, même. C'est une sorte d'interface de logiciel plus ou moins automatique, capable d'interagir avec un serveur informatique. Ils seraient doués d'intelligence artificielle. Ils ne lisent pas vos commentaires, mais repèrent des mots-clefs, par exemple, comme le faisait remarquer hier après midi un de mes amis sur Facebook, le mot "vaccin", qui déclenche aussitôt et automatiquement l'affichage d'un message d'avertissement en travers de votre publication.

Evidemment les robots de Facebook, ses bots, ne font pas que repérer des mots-clefs, ils les croisent, évaluent leur fréquence, analysent le contexte aussi peut-être… mais finalement ce n'est pas certain. Je crois qu'ils s'en tiennent aux mots-clefs. Dans mon cas il y avait ''rats juifs'' et rats goys'' … mon compte était bon. 30 jours d'interdiction. On voit que la supposée intelligence artificielle peut être aisément confondue avec de l'authentique connerie, celle qu'on retrouve par exemple chez ces bons vieux humains qui décident que vous n'êtes plus fréquentable parce que vous évoquez l'existence de traitements, et refusez de vous laisser injecter la substance expérimentale de chez Pfizer. Qui pratiquent le jugement expéditif en vous rayant de leur liste de contacts ou vous bloquant sur whatsapp pour bien vous montrer qu'ils ne veulent pas avoir affaire avec des complotistes dans votre genre, de près ou de loin. En hébreu, complotiste se dit konspiratori, pour une femme, konspiratorite. Bévakasha.

Les cons, comme les robots, n'ont ni recul ni humour, et à mon avis ce serait très très dangereux de continuer à leur laisser une trop grande place dans nos vies, de leur confier nos existences, en leur laissant exécuter de plus en plus de tâches, comme de censurer des contenus indésirables sur Facebook mais aussi sur Youtube et à peu près tous les réseaux sociaux, sauf quelques uns, émergents. Ces bots font de détestables censeurs, bornés et tâtillons, et à mon avis on n'a pas besoin d'eux, la vie est suffisament compliquée comme ça, surtout en ce moment.

Avec ça on est déjà en avril, et je ne sais toujours pas si les Japonais ont commencé à vacciner. Si vous avez des nouvelles, donnez-m'en donc ! Sayonara !

 

 


Commentaires

  1. Magnifique matière à réflexion. Si le singe dispose de l'éternité, à quel moment de l'éternité produira-t-il une oeuvre véritable? Cette supputation peu engageante du prof de philo - parce qu'elle rappelle assez les prédicateurs de la fin du monde qui prennent soin de choisir une date qui arrivera à coup sûr après leur existence terrestre - me rappelle la question que tout élève de cours de maths se pose quand il entend pour la première fois parler de l'infini, ce 8 couché que je ne trouve pas sur mon clavier. L'infini, ça s'arrête à quel nombre? Donc, le singe aura achevé la relecture de son texte au dernier temps de l'infini moins un.
    Pour ce qui est des mots clés, il faut les éviter au mieux, en tentant de les deviner. Un ballon de baudruche qui se vide fait Pfff... On peut ainsi désigner le repris de justice.
    Mais FB surprend parfois par un certain sens de la nuance : j'ai partagé un lien faisant état de la perte d'un procès par un géant de la malbouffe, face à un chef cuisinier l'ayant accusé d'utiliser entre autres ingrédients un véritable poison. FB m'avertit que ledit géant n'a pas perdu de procès, le cuisinier s'étant contenté de dénoncer l'emploi dudit produit et ledit géant ayant préféré retirer ledit produit avant de risquer de perdre son procès.

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    1. J'ai tendance à estimer qu'il va falloir quitter Facebook, aller sur d'autres plates-formes... La censure y est vraiment insupportable !

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  2. Dans le cas de cette blague, tu as été dénoncée. Les robots ne feraient rien sans le concours des humains collabos.
    Pour ma part, j'évite la censure en publiant des screens. Je ne sais pas si les robots n'ont pas d'humour. Un jour j'ai insulté Siri qui m'a répondu
    C'est un avis.
    Bon courage en Israël. Bonne résistance

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    1. Merci. C'est pas facile, la pression est énorme, et la folie vaccinaliste, omniprésente.

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