La plus belle musique du monde, I

Aujourd'hui, je n'irai pas à la chorale. Ils chanteront sans moi, ce soir.

Et ma foi tant pis; ou tant mieux.

Je n'arrête pas de gaieté de coeur. Mais les nouvelles lois en vigueur font que les non-vaccinés ne peuvent chanter dans un choeur. C'est ainsi que des gens que je prenais pour des amis, ou disons, pour des gens biens, m'ont révélé en fait une terrible vérité : je ne suis que tolérée, dans le groupe. Et encore, de moins en moins. Ce qu'ils veulent, c'est rester entre eux, entre gens vaccinés. Une choriste m'a fait remarquer, l'autre soir, que j'étais la seule à ne pas être vaccinée. Le mieux, selon elle, c'était que j'arrête de venir aux répétitions. 

Cette révélation a été difficile à encaisser. Des gens que je connaissais depuis 6 ans. Qui ont vu ma fille grandir. Qui sont venus à sa Bat Mitsva, ou ont offert un billet... Avec un petit mot... Qui m'ont accueillie parmi eux alors que je débarquais en Israël, et avec lesquels je croyais avoir tissé des liens solides.

Dame, chanter avec des gens chaque semaine depuis si longtemps, forcément ça crée des liens : on a du plaisir à se retrouver, soir après soir, à prendre place, ensemble, derrière les partitions... Commencer, s'arrêter, recommencer, vaincre peu à peu, ensemble, des difficultés... Et puis les virées en minibus, pour aller chanter dans des soirées, des festivals... Les concerts au Conservatoire avec l'orchestre des instruments à vent...

Oui, le plaisir, c'est sûr, ça crée des liens.

Mais voilà, justement, le plaisir, depuis quelque temps, j'en avais de moins en moins. D'abord, il a fallu accepter les séances par zoom, qui ne ressemblaient à rien. Principalement, et il faut bien le dire, parce que le son est le grand perdant de ces entrevues à distance via un écran d'ordinateur ou de portable. Le son ne supporte pas bien le voyage... Le vibrato se perd dans la stratosphère... Les voix sont méconnaissables, le son est saturé, souvent, parce que les choristes sont assis trop près... Trop loin, on ne les entend pas, ou mal. On est réduit à devoir chanter individuellement, chacun son tour, ce que je trouve infantilisant et totalement à l'opposé de ce qu'est une chorale : une polyphonie, un mélange harmonieux de voix différentes... Et puis surtout, on ne peut pas être accompagnés au piano...

Ce qui m'a gâché le plaisir, c'est surtout de me sentir constament critiquée, de me faire reprendre, à chaque répétition en plein air ou en intérieur, par un ou plusieurs choristes, en général, toujours les mêmes, affligés d'un profil chien de garde, le genre ''j'aboie, je défends le troupeau...'' si vous voyez ce que je veux dire. Vous en connaissez tous, de ces emmerdeurs qui veulent régenter le monde, et s'offusquent de ce que vous ne vous sentiez pas automatiquement obligés de leur obéir.

Ils n'arrivaient pas à me faire porter le masque en extérieur. C'est ça le sujet qui fâche.

Les tensions sont devenues palpables vers mars-avril, quand le matnas - ça veut dire centre culturel - qui nous accueille s'est mis à nous demander de remplir à chaque fois un formulaire concernant notre état de santé. On a dit d'accord. Quelle erreur... Ensuite, il a fallu observer une distanciation physique, et quitter la scène, pour nous installer dans les gradins en observant une distance réglementaire entre nous. Ce qu'on a fait, même si chanter avec des voix tellement éparpillées dans l'espace n'est pas follement pratique.

Les agents de la mairie se sont mis à venir inopinément, pour contrôler si les consignes étaient respectées. Elles l'étaient.

Et puis un jour, ils ont exigé qu'on porte le masque pour chanter.

Jusque là, on arrivait avec le masque, on signait le formulaire individuel certifiant ne pas avoir de température excédant 38°C et on entrait. Après quoi, on s'installait dans les gradins et dès le début de l'échauffement, on l'enlevait. Pendant un moment, le statu quo a tenu. Mais des agents municipaux ont recommencé à venir faire irruption dans les répétitions. A exiger que nous portions le masque pour chanter. Le chef a tenu bon, pas question de chanter avec un masque, c'est stupide... Et totalement contre-indiqué, si vous chantez, vous le savez.

Un jour de mai, je me suis pointée sans masque. J'étais en retard, (alors que j'habite à dix minutes à pied du matnas, faut le faire...) j'avais oublié d'en prendre un en partant, j'avais pas voulu retourner. En arrivant, la jeune préposée me reprend sèchement, où es ton masque ? Je tente une feinte, je lui réponds, dans mon sac, un effort remarquable de ma part car en réalité c'est dans ton cul qui m'était venu, et farfouillant vaguement dedans, je fais mine de rentrer dans la salle. Halte ! Je fais la sourde oreille. Elle m'ordonne d'optempérer, une vraie fliquette. Je décide que je n'ai pas le temps de lui expliquer qu'elle outrepasse ses droits. Elle n'est pas flic, si ? Elle a sa carte ?

Je rentre donc, et elle, délaissant le comptoir d'accueil, se lance à ma poursuite... Evidemment les gens ont été assez éberlués de me voir débouler dans la salle la jeune furie à mes trousses. J'ai foncé sur le chef, comme pour trouver refuge... L'agent d'accueil s'est interposée, j'étais entrée sans masque, j'étais en infraction. Le chef a écouté, a pris un air embêté et finalement m'a expliqué que soit j'acceptais de porter un masque, soit je devais rentrer chez moi. J'ai dit j'ai pas de masque, et dans la foulée, j'ai ajouté ''ça commence à bien faire, la pandémie c'est fini, la courbe est plate, qu'on nous foute tranquilles avec toutes ces conneries.''

Tout ça a été très mal perçu, évidemment. Oye va voye. Lèse-covidisme. Flagrant délit de négation d'épidémie. Car le masque, le chef et les autres choristes étaient pour. La pandémie faisait rage et on allait tous mourir si je ne portais pas le masque... Je leur ai dit non mais sérieux vous y croyez, franchement, à tout ce délire ? Vous êtes pas un peu tombés sur la tête ?

Les gens se regardaient de l'air de se dire que c'était moi qui étais tombée sur la tête, plusieurs me jetant des regards fermés, agrémentés de hochements de tête désapprobateurs. ''Mais, de toute façon on l'enlève, le masque, pour chanter, qu'est-ce que ça peut vous foutre que je n'en porte pas ? Puisqu'on le met que pour rentrer dans la salle ? De toute façon j'en ai pas !''

Naomi, une soprane équipée et compréhensive, m'en a tendu un avec le sourire. Je l'ai mis, encore estomaquée de la proposition du chef, tu le mets ou tu rentres chez toi...

A partir de là, les choses ne sont jamais redevenues comme avant. J'étais devenue une sorte de pestiférée. Une renégate. J'étais plus de leur clan.


(A suivre)




Commentaires

  1. C'est devenu un culte, un dogme, une secte à grande échelle. Je l'ai écrit : Pfizer est grand et Netanyahou est son prophète. Qui le conteste est un hérétique. Les gens sont coupés de la réalité et vivent dans une illusion virtuelle qui a aliéné la société.
    Vous savez pourquoi cette année il n'y a pas de grippe? Parce que les personnes grippées, si le test criminel Pcr en fait des porteurs de corona, elles se verront supprimer leurs droits. Du jour au lendemain, elles ne sont plus assurées sociales, et sont jetées en pâture aux statistiques qui servent à entretenir le sentiment de peur et d'obéissance aux foules qui sont apeurées à l'idée de réfléchir.
    Interdire l'entrée à des non-vaccinés est une grave illustration de ce que discrimination veut dire.
    Même le conseiller juridique du gouvernement, qui n'est pas des plus connus pour leur probité, a souligné qu'il est problématique de refouler des gens différents.
    Ceux qui mettent la pression savent qu'ils sont contre la loi, et pour les calmer, il faut exercer un contre-poids, les menacer de les traîner en justice. Il suffit parfois de leur poser catégoriquement la question : "Est-il vrai que le retour en classe est sujet à la vaccination?" pour qu'ils reculent lamentablement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien sûr ! Ce vaccin est le nouveau Veau d'Or, et Bibi fait preuve d'un répugnant opportunisme en utilisant le business du vaccin pour se faire réélire. Il aurait tort de se gêner, il me semble qu'en 1976 ça avait bien réussi à Ford...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'Internationale nazie

Lettre à Virginie K. et à mes copines pro-palestiniennes

Bibi, encore un effort pour être un vrai Premier Ministre d'Israël ! (Lettre ouverte à Bibi) Traduction en hébreu : Noémie Stora